Comédie dramatique de Pierre Vignes, mise en scène de Sébastien Rajon, avec Michel Laliberté et Stéphanie Papanian.
Une femme en robe de mariée et un homme qui n’est pas le marié courent. C’est le point de départ de cette pièce de Pierre Vignes qui démarre à cent à l’heure dans un style très "road movie".
Effectivement, les liens de parenté avec le cinéma sont forts : scènes courtes et alternance de lieux, flashbacks, dialogues très vifs…. La pièce, mise en scène avec grand talent par Sébastien Rajon est à mi-chemin entre David Lynch (pour l’ambiance étrange) et Quentin Tarantino (pour la cavale et l’humour dévastateur).
Autour d’une ingénieuse installation (entre la cabine d’essayage et la boite de magicien) qui se transforme à volonté et permet surtout de voir l’histoire sous de multiples angles, les comédiens se démultiplient eux-aussi, avec rythme et précision, pour nous offrir une quête échevelée à la recherche d’amour et de liberté.
Stéphanie Papanian et Michel Laliberté sont les multiples facettes d’Elsa et de Paul, confrontés à leurs démons et à leurs fantasmes. Les deux comédiens sont merveilleusement complémentaires et passent avec une virtuosité prodigieuse d’une mariée déboussolée à une baronne cynique, d’un gars en plein doute à un époux maniaque et inquiétant, jusqu’au bout de la route.
Porté par un souffle mystérieux, on rentre avec bonheur dans cette atmosphère captivante à la lisière du fantasmagorique, peuplée de personnages frôlant le décalé pour faire de ces "Cavales" un moment original d’où fusent les rires par la grâce de répliques percutantes et de comédiens sensationnels, mais où l’étrangeté de l’ambiance nous emmène aussi dans les méandres d’une histoire d’amour complexe et envoutante.
Une brillante variation sur l’amour moderne. |