Anthony
Reynolds se fait rare sur nos platines, nous n'avions plus
beaucoup de nouvelles de lui depuis son dernier EP Roses
for Ashes, sorti de façon quasi confidentielle faute
de promotion à la hauteur.
A l'époque de la sortie de Roses for Ashes, encore signé
à l'époque sous le nom de Jacques,
groupe quasi monocéphale, face cachée de Jack,
Anthony Reynolds nous avait très gentiment accordé
une longue interview dans laquel il parlait de lui à coeur
ouvert. Depuis, Anthony a travaillé, et de ses multiples
projets, il sort aujourd'hui un premier album intitulé Neu
York.
Et si je l'appelle Anthony, ce n'est pas par hasard puisqu'il a
choisi de signer l'album de sonseul prénom. Fini donc les
Jack et Jacques, Neu York est un album solo et assumé comme
tel. L'album du renouveau, après de difficiles périodes
et les pires difficultés à trouver un label.
Reynolds est désormais retiré dans la campagne anglaise
et ce disque a été composé et enregistré
en grande partie chez lui, dans un petit studio improvisé.
Seul maître à bord, à l'exception de quelques
collaborations (Momus, Franck
Roussel), Anthony Reynolds nous offre un album à la
fois totalement en rupture avec ses travaux précédents
mais qui ne peut s'empêcher d'y faire référence.
Reconstruire sur des fondations saines, quoi de plus louable ?
Tout commence sur "I love my radio (on)"
faussement kitsch et réellement disco. Boîte à
rythme et voix trafiquée sur ce titre sur lequel il peine
à poser sa véritable voix pourtant remarquable.
On continue dans un courant plutôt disco avec ce qui est
incontestablement le tube de ce disque. Composé et enregistré
avec Franck Roussel, "Lush
Life" et son rythme dansant, son refrain entêtant,
et ses paroles à la James Dean ("We
are too beautiful to die ...") sont imparables.
Mais Neu york n'est pas un disque
de disco même si le manque de moyen a obligé Anthony
Reynolds à utiliser boîtes à rythmes et claviers
électroniques pour la structure des morceaux. Ainsi sur "The
Sad Streets" on renoue avec le charme de la voix doucement
crooneuse de Reynolds. Celle qui a fait les beaux jours de Jack,
douce-amère et chaleureuse sur un titre très pop.
Notons aussi les petits intermèdes musicaux. Petite chansonette
("Prelude to" dans un esprit
très Morrissey ou encore "There
are nos shadows anymore") ou extrait de conversation
entre Anthony et ses amis ("Dalston interlude")
mais aussi le très conceptuel "I
sit with the smokers" sur lequel un texte est déclamé
par une voix féminine sur un arrière plan musical
pour le moins expérimental. La démarche est amusante
même si le morceau n'est pas inoubliable et donne, avec les
petits interludes, une côte "interactif" au disque,
comme si nous étions un peu avec lui lors de l'enregistrement.
Si "Lush Life" est calibré
pour faire un tube, le titre le plus marquant et le plus beau du
disque est sans doute le touchant "If
July were a kingdom". Production très différente
du reste du disque et des titres "habituels" de Jack/Jacques
pour cette chanson qui s'articule essentiellement autour de la voix,
très émouvante, lointaine et fantômatique. En
effet, la musique est quasi minimaliste avec une partition de piano
et quelques cordes, mixées avec un bruit de vinyl crachotant
sur un vieux tourne-disques. Ambiance noire et mélancolique
des grands jours, à ranger du coté des meilleurs Tindersticks.
La ballade psychédélique "Drugs
are my drugs" conclue l'album en douceurtout en surprenant
l'auditeur qui ne s'attendait pas à la dernière note.
Anthony Reynolds l'a emmené en voyage dans des atmosphères
diverses sans lui laisser le temps de s'y déliter. On se
prend à rêver d'un album par ambiance...n'est-ce pas
le début d'une addiction?
N'hésitez pas à vous procurer ce disque, par vos
propres moyens pourle moment à défaut de distribution
chez les disquaires français mais vous pouvez le commander
sans problème chez le label directement ou via amazon.com.
Et si après plusieurs écoutes, vous vous sentez frustré
ou si vous souhaitez en savoir plus, et en attendant que ses autres
projets voient le jour (notamment un album en collaboration avec
le français Ffranck Roussel), allez vous ballader sur son
site web enrichi de son journal intime et où vous trouverez,
outre des morceaux en MP3 pour la plupart inédits, des ébauches,
des démos, des vidéos ainsi qu'une galerie de photos,
autre passion du gallois que nous espérons voir bientôt
fouler les scènes de France qui après l'avoir accueilli
les bras ouverts semblent désormais bien frileuses à
son égard...
Il ne faut pas brûler trop vite ses idoles...
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