Le groupe Nouvelle Vague s'occupe exclusivement de reprises. Son nom lui vient d'ailleurs du croisement d'un genre musical des années 80, qui l'a toujours largement préoccupé et de la bossa nova ("nouveau courant", "nouvelle façon", issue de la fusion de la samba et du cool jazz), puisque c'est bien dans cette langue musicale radicalement différents que la formation a entrepris de traduire certains des titres les plus emblématiques de cette new wave (si tant est qu'on l'entende en un sens large, qui accepterait que s'efface parfois la frontière avec le punk ou la cold wave, ses cousins).
Certainement pas fait pour durer au départ, le projet s'est néanmoins fait une jolie place dans la petite discothèque dérisoire de tout trentenaire / quadragénaire passablement mélomane, l'exercice ludique de la reprise décalée et, parfois, impertinente, lui assurant toujours une bonne place dans les fins de soirées-retrouvailles entre anciens camarades de lycée ou condisciples d'études supérieures.
La formation a par ailleurs largement élargi ses horizons, passant de la bossa nova à la musique caribéenne, la country... jusqu'à un quatrième album (Couleurs sur Paris, 2010), dédié cette fois au meilleur des tubes français parmi les plus radiophonés de la même époque ("L'aventurier", "Marcia Baila", "Mala Vida"... que l'on parle d'un best of !).
On était donc curieux de voir ce que tout cela pourrait donner sur scène. Des reprises, en concert ? Nouvelle Vague ayant le minimalisme facile et un sens certain du contrepied, il y avait en effet tout au moins lieu de craindre que tout cela ne finisse en plaisanterie potache mais poussive, sans réelle ambition musicale et aux allures, justement, de fin de soirée entre potes vieillis et un rien ennuyés.
Le public de l'Aéronef fut, sans doute aucun, rassuré. Sur scène, c'est même à un certain débordement d'énergie que l'on a pu assister. Très en devant de la scène, les chanteuses Mélanie Pain et Liset Alea auront rivalisé de présence et d'armes de séduction massives (vestimentaires, vocales), faisant aisément oublier l'absence des artistes qui, sur disque, prêtent leur voix à Marc Collin et Olivier Libaux, les deux initiateurs du projet (en vrac, et de façon non exhaustive : Emilie Loizeau, Adrienne Pauly, Vanessa Paradis, Helena Noguera, Cœur de pirate, Julien Doré...).
La setlist a su équilibrer avec courage l'ensemble de la discographie du groupe, glissant de l'anglais au français, et même à l'espagnol ("Mala Vida"), avec ses meilleurs moments, ses attendus ("Too drunk to fuck", "Master & Servant", "Love will tear us apart"), ses tristes absents ("Anne cherchait l'amour", "A forest") et en s'offrant même le luxe d'excellentes surprises ("Bela Lugosi's dead", sur scène, vraiment ?! Il est vrai que la version Nouvelle Vague est finalement plus accessible que celle de Bauhaus ; mais tout de même...).
Bien entendu, on se prend à réagir surtout aux titres que l'on connaît et que l'on préfère – mais n'est-ce pas finalement que la formule Nouvelle Vague fonctionne ? Pourrait-on réellement aimer ce "God Save The Queen" si dépouillé s'il n'avait pas d'abord été l'hymne d'une génération punk, un petit morceau d'histoire (musicale ?) à lui seul ?
Nouvelle Vague, en tout cas, joue à merveille avec l'ambiguïté de ces plaisirs confondus (celui de la musique et celui de la nostalgie ; celui de la pirouette et celui de la dérision ; celui de l'énergie festive et d'un érotisme bon marché) et emporte à sa suite un public, certes pas au grand complet, mais complètement ravi.
En première partie, la pop guillerette du bruxellois Samir Barris, elle, n'aura guère convaincu, malgré toute la sympathie que pouvaient susciter le jeune et souriant chanteur / guitariste et ses deux acolytes.
Certainement manquait-il à ses ballades quasi-acoustiques un peu de vie, de fougue, de folie, d'originalité – ou l'ancrage dans une histoire plus grande que lui. |