Texte de Leslie Kaplan, conception et jeu de Elise Vigier et Frédérique Loliée.
Après "Duetto 5" qui visait notamment la femme urbaine confrontée à la société de consommation, Frédérique Loliée et Elise Vigier, metteurs en scène, actrices et dramaturges du collectif le Théâtre des Lucioles, poursuivent avec "Louise, elle est folle" leur chemin exploratoire de la condition féminine contemporaine avec l'écrivain et auteur dramatique Leslie Kaplan.
Cette dernière qui est engagée comme elle l'écrit - ce qui vaut tous les pitchs pléonastiques - "dans ce que signifie pour moi être une femme ici et maintenant, une femme comme je l‘ai écrit en proie aux mots, au langage aussi bien qu’à la société d‘aujourd’hui" livre un texte à l'écriture radicale, émaciée jusqu'à l'os, pour traquer les mots, ennemis redoutables et véhicules anonymes du prêt-à-penser.
Au questionnement sur l'identité féminine et la vie sociétale urbaine, s'est ajouté celui de la folie "ordinaire" comme symptôme, mais également moyen, de résistance, voire de transgression, mais également comme expression de la liberté individuelle face aux schémas oppressifs induits par la société qui s'inscrit dans la conception freudienne de la folie en ce qu'elle y voit une composante de l'être de l'homme tout en inversant la proposition relative à ce que la folie limite sa liberté.
Les deux comédiennes le déclinent, comme elles l'explicitent dans leur note d'intention, sous "forme de conversation concrète et philosophique entre deux femmes qui pourraient être tout aussi bien une seule et même femme - sorte de bête à deux têtes - pour penser".
Deux femmes en miroir prises dans une spirale de folie circulaire génératrice de situations burlesques au sens premier du terme. Et l'arlésienne qu'est le personnage titre, qu'elles évoquent comme s'il s'agissait d'un tiers, n'en est peut-être qu'un avatar.
Dans le décor de Yves Bernard, cimaise toilée propice aux projections et à la traversée du miroir, Frédérique Loliée et Elise Vigier, toutes deux remarquables, construisent admirablement à partir de ce texte des personnages borderline sur le fil du rasoir, logorrhéiques et ressassants qui se cognent au principe de réalité. |