Documentaire théâtral et musical écrit par Gaëtan Pau et Quentin Defalt, mise en scène de Quentin Defalt, avec Juliette Coulon, Valentine Erlich, Olivier Faliez, Charlotte Laemmel, Emmanuelle Marquis et Gaëtan Peau.
"Brita Baumann" est une jeune allemande envoyée en séjour linguistique en France. Elle va partager la vie d'une famille bretonne, les Cadouin. Clan décrépit, dynastie dégénérée, les Cadouin forment à la scène un groupe qui va de foire en fête municipale, de bal populaire en guinguette, armé de spots kitschs et d'une motivation toute relative.
Le plateau du Théâtre 13 est divisé en deux espaces sur lesquels se défont les vies des protagonistes. A gauche, une cuisine à peine tridimensionnelle, photographie d'un intérieur quelconque figé dans un morne ennui de meubles en pin, pièce sans goût - pas même mauvais - dont seules sortent des chaises sur lesquelles les Cadouins s'entassent tant bien que mal.
Ouverte sur le public, cette cuisine figure paradoxalement toute l'étroitesse grouillante et malsaine d'une tribu désunie autour de la passion du père Cadouin pour la variété mielleuse et le succès.
Brita Baumann écrit la nuit des lettres de jeune fille en proie aux doutes adolescents. Le reste du temps, elle est invariablement assise, passive, spectatrice de la déliquescence d'une culture française où Patrick Sébastien prime désormais sur Victor Hugo.
Contrairement à la salle dont elle partage l'incrédulité, Brita n'a pas la chance de rire aux reprises improbables des Cadouin, scènes tordantes où la troupe s'évertue à jouer sur des photographies d'instruments en taille réelle des chansons fades.
Sous les éclairages criards, les chorégraphies vulgaires s'enchaînent, magnifiquement ratées par Violaine, la nouvelle compagne du père Cadouin. Les personnages des productions de la Compagnie Teknaï portent un maquillage de masque mortuaire qui accentue la déréalisation induite par le décor et l'hilarité du public.
Cette touche de morbidité associée à un kitsch assumé créent une danse macabre désopilant auquel succombe un public conquis par une esthétique sombre, un humour assassin et un univers proche de ceux des Deschiens. |