Comédie de Laurent Ruquier, mise en scène de Jean-Luc Moreau, avec Catherine Arditi, Ariel Wizman, Armelle, Rémy Roubakha, Olivier Pajot et Bertrand Degremont.
Plus qu'un événement médiatico-politico-économique, ce que l'on a nommé "l'affaire Bettencourt" possède tous les ingrédients pour figurer parmi les grandes tragédies, au même titre que celles de Racine, Shakespeare ou Corneille.
Une richissime femme plus ou moins manipulée par un dandy romanesque, sa famille qui se lance dans une procédure pénale et enfin, un majordome qui enregistre secrètement les conversations de sa maitresse pour les fournir à la presse. Quel triptyque !! Un triptyque qui a fait les choux gras de la presse et le bonheur des humoristes, trop conscient de détenir là un sujet en or massif.
Ce sujet en or, l'humoriste-animateur Laurent Ruquier s'en est emparé afin de transformer cette tragédie familiale en comédie rocambolesque intitulée "Parce que je la vole bien", dont il précise bien que "toute ressemblance ou similitude avec des personnages existant ou ayant existé n'aurait qu'un seul but: vous faire rire" le tout dans une mise en scène de Jean-Luc Moreau.
Madame Caquencourt (Catherine Arditi), joyeuse milliardaire s'est amourachée d'un jeune dandy, Jean-Florent Marnier (Ariel Wizman), photographe à ses heures perdues et moulin ininterrompu d'anecdotes en tous genres. Ravie de cette présence distrayante, Madame Caquencourt se montre très, voire trop, généreuse avec son protégé, au point de déclencher l'ire de sa fille (Armelle) et de son gendre (Olivier Pajot), ces derniers voyant d'un très mauvais œil cette générosité outrancière, au point de menacer Jean-Florent d'un procès.
Toutes ces péripéties sont observées avec distance et mépris pas Georges (Rémy Roubakha), el gendre, et par Alexandre (Bertrand Degremont), le petit fils de Madame, sans doute le seul personnage de cette infâme famille à n'être nullement intéressé par la fortune de sa grand-mère, préférant étudier l'histoire et la littérature. Conscient que ce procès pourrait lui faire beaucoup de tort, jean-Florent tente de convaincre Madame Caquencourt de faire de lui son unique héritier. Cette nouvelle sera la goutte de trop pour les enfants de Madame.
Les fans de Laurent Ruquier et du théâtre de boulevard trouveront dans cette comédie loufoque tous les ingrédients propres à l'humoriste et à ce registre théâtral : les portes qui claquent, des personnages exubérants s'exprimant avec emphase, un décor de salon particulièrement réussi, des dialogues qui font mouche auprès du public et surtout, les légendaires jeux de mots qui ont fait la gloire de l'animateur multi-médias.
Quand aux autres, ils tiqueront sur certaines facilités lexicales, sur des gags parfois poussifs et sur des comédiens qui en font un peu trop, notamment Ariel Wizman et surtout Armelle qui offre semble avoir du mal à se dégager de son personnage de la série télévisée "Caméra café" et un dénouement un peu ubuesque. Néanmoins, on rit de bon cœur devant cette farce, même si c'est un rire un peu gêné sachant que cette histoire a réellement existé, et qu'elle n'avait rien de comique. |