Comédies de Eugène Labiche, mise en scène de Pierre Pradinas, avec Romane Bohringer,
Gérard Chaillou,
Thierry Gimenez,
Gabor Rassov et
Matthieu Rozé.
Pierre Pradinas monte allègrement, de manière différenciée et partiellement gonflée au silicone, deux pièces courtes de Eugène Labiche qui épingle la nature humaine dans deux registres différents, l'hypocrisie bourgeoise et la gratitude égoïste, et dans lesquelles il distribue ses fidèles.
A la langueur transpirante du consensus bien pensant où tout se passe en dérobade succède la démesure potache de la comédie vaudeville.
"29 degrés à l'ombre" c'est un dimanche à la campagne, dans un pré carré de pelouse synthétique arrosée par un jardinier maladroit (Cyril Monteil), où la canicule échauffe les sens et les esprits.
Le maître de maison, petit bourgeois infatué et pleutre, (Gérard Chaillou irrésistible dans un rôle qui induit un copier-coller avec son rôle de DRH de la série télévisée "Caméra Café") tyrannise des invités opportunistes qu'il régale pour s'offrir une cour à bon prix (deux pieds nickelés interprétés à la manière du duo de clowns par Gabor Rassov et Matthieu Rozé) pendant que sa lutine épouse (Romane Bohringer) se fait pincer avec un troisième aux allures de coucou jet setter à la Massimo Gargia (Thierry Gimenez désopilant).
Cette savoureuse comédie de moeurs, dans laquelle le duel d'honneur finit par un petit arrangement entre amis ravalant madame au rang de jolie potiche, est présentée dans le style cinétique des comédies à la française des années 60 qui lui donne un charme certain.
Avec "Embrassons-nous Folleville !", Pierre Pradinas met le turbo en lorgnant du côté de l'opéra-bouffe ce qui ne nuit pas à cette effervescente badinerie pompadourienne, qui fut adaptée en opérette du vivant de l'auteur. Danik Hernandez se lâche avec des costumes rococo kitsch hauts en couleurs
Le mou chevalier de Folleville, amoureux de sa cousine, se voit contraint, ayant sauvé la face du bouillant marquis de Manicamp, à honorer la gratitude de ce dernier en épousant sa frénétique fille qui, de son côté, s'amourache d'un vicomte piètre danseur mais tout aussi chatouilleux et réciproquement.
Au programme, échanges musclés à coups de noms d'oiseaux, assauts de cape et d'épée d'opérette, déferlante de vases brisés, bataille de lentilles digne d'une cantine scolaire, intermèdes façon
chansons de variétés des sixties signés Dom Farkas et Thierry Payen et surjeu de rigueur pour un spectacle divertissant.
Romane Bohringer virevolte et tempête, Matthieu Rozé est un joli chevalier de rose fluo vêtu face au presque austère vicomte campé par Gabor Rassov, et Thierry Gimenez se taille presque la part du lion en chantre de l'embrassade affectueuse. |