Rappelez-vous
le concert évènement de Froggy's Delight du mois de
février, ayant réuni Kevin Coyne
et Jeffrey Lewis (Dieu que ça
passe vite !). Vous étiez venus si nombreux que nous avions
bien évidemment envie dé réitérer.
Mais c'était sans compter sur les vicissitudes pour trouver
une salle qui veuille bien nous accueillir. Et bien voilà
qui est fait !
Le Bar Three et son patron Tim
nous ont fait confiance. Situé en plein quartier Odéon,
le Bar Three se trouve niché en sous-sol dans un mini essaim
de vieilles petites caves voutées en pierres, des vraies,
qui ont été confortablement parsemées de banquettes
et de fauteuils en velour pourpre.
La plus grande est dédiée à la scène
de plain pied permettant aux plus chanceux et aux plus motivés
de voir leurs stars préférées, yeux dans les
yeux, et les petites caves annexes permettent aux autres de profiter
pleinement du concert sans risquer la phlébite. Un bar, situé
bien en arrière, permet fort judicieusement de réduire
ses nuisances sonores tout en étanchant la soif des spectateurs.
Annulations de dernière minute, indisponibilités
diverses, nous ont amené à remanier l'affiche à
diverses reprises et nous avons finalisé en 48 heures un
joli petit show rock'n roll en diable. Tant pis pour ceux qui n'étaient
pas là !
En première partie, Pierre
et Marie, légers, gracieux, inspirés on
vous raconte tout ici ... Revenez quand vous aurez fini pour
la suite...
Après une installation ultra rapide, les Delenda
arrivent sur scène. Comme l'endroit est exigu, ils n'ont
pas pu laisser leur trac dans les loges alors ils l'ont pris avec
eux, tremblements inclus. Mais, rusée, Anne la chanteuse
en joue "Vous voyez comme je tremble, j'ai très très
peur" annonce t elle ... Vivi, les chocottes bleues !
Qu'à cela ne tienne, n'ayant visiblement finalement pas
si peur ou alors n'ayant qu'une vague conscience du risque, le duo
Anne et Thierry,
moelle épinière de Delenda, et en l'occurence seuls
sur scène ce soir, ouvrent avec une reprise culottée
bien comme il faut (genre super moulante sans string) du "About
a girl" de Nirvana version
acoustique qui n'aura pas à rougir face à sa célèbre
interprétation unplugged par feu Kurt
Kobain lui même.
Le public qui remplit la presque trop petite cave du bar Three
semble séduit, trouve d'emblée ses repères
grâce à cette intro de choix et les Delenda en profitent
pour placer 3 titres parmi les plus fédérateurs de
leur répertoire, à savoir "Smart
leader" (version française s'il vous plait) enchaîné
avec le tubesque "Lost" et
le non moins sautillant "Sunshine".
Thierry, extrêmement concentré,
lance impeccablement les "bandes" (à la façon
des Kills, on peut pas tout faire quand
on est seulement 2 sur scène) et joue tour à tour
de la guitare (acoustique, électrique) et de la basse. Anne,
se lâche petit à petit et sa voix prend de l'assurance
tandis qu'elle s'adresse au public entre chaque morceau pour nous
parler par exemple de ses notes afin de se synchroniser aux morceaux
ou de nous annoncer le titre suivant, notamment cette fameuse chanson
dont elle a du mal à retenir les textes tant ils sont "pffffffffff"
(je cite).
Fameuse chanson à plus d'un titre puisque après s'être
attaqué au mythe grunge, les Delenda se lancent sans complexe
dans une reprise magistrale de "Israel"
de Siouxsie and the Banshees. Et quelle
reprise, la voix est impeccable, le jeu de Thierry irréprochable
et le public totalement enthousiaste.
Comme si cela ne suffisait pas, ils enfoncent le clou avec le tellement
classique et repris "Tainted love"
qu'il est difficile d'en faire une relecture originale. Sans être
totalement décalée par rapport à la version
de Soft cell, cette version apporte
une certaine fraîcheur et une spontanéité dont
est totalement dénuée l'originale.
En revanche, d'originalité il est question dans la reprise
qui suit. Décidément, les Delenda osent et là
où le gratin du rock s'est cassé les dents, les Delenda
s'en sortent brillamment avec une reprise un peu décalée
version raggae de "Riders on the storm"
des Doors, à découvrir
en toute hâte. Cette série de reprise sera terminée
par un "Ashes to ashes", de
ce cher David Bowie, revisité impeccablement.
Pas mal de reprises dans ce set donc, pourtant les Delenda n'ont
pas à rougir de leur répertoire et "Qui
mord", "Les loups"
ou encore "Kultur" enchaînés
ont une puissance énorme pourtant bien mal rendue par le
trop faible volume sonore général.
Nous découvrirons même un morceau tout nouveau "répété
jusqu'à 3h30 du matin la veille" intitulé "2nd
chance", dense et dansant comptant incontestablement
parmi leurs meilleurs titres.
La fin du set se fera dans la bonne humeur générale
avec des reprises informelles quasi acoustiques des Libertines,
Cake, George Gershwin
ou encore Nancy Sinatra et surtout "Les
loups" et "Smart leader"
revisités et débarrassés de toute pression
dans des versions plus incisives.
Aaaaaaaaah la voix d'Anne ! Et comme ainsi parlait ...non pas Zarathoustra...
C'est trop bête vous auriez dû venir !
Un groupe à suivre donc avec espérons un disque disponible
pour vos oreilles curieuses d'ici le début de 2005 !
...et restez branché pour les prochains concerts estampillés
Froggy's Delight !
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