Après A en 2007 puis B en 2009, il est tout naturel que le nouvel et donc troisième album de Turzi (le groupe car Romain Turzi, l’homme, avait déjà sorti deux disques en solo : Made Under Authority, en 2005 et Education en 2011) se nomme C.
Bien que chaque titre porte un nom d’oiseau (le volatile, pas une insulte !) commençant par un c, il n’est pas question ici d’ornithologie et encore moins de naturalisme (nous ne sommes pas chez Messiaen) mais plutôt d’un certain onirisme krautrock. A rappeler que le groupe aime ce genre de petit jeu lexical puisque les titres dans B portaient des noms de villes du monde entier commençant par un… B.
Originaire de Versailles et signé chez Record Makers, Romain Turzi et son groupe arrivent à synthétiser, à revisiter, à cataloguer, presque quarante années de musique électronique à la Française passant de la figure tutélaire et passage presque obligé François De Roubaix, à Jean-Michel Jarre, des amis Versaillais Air (à qui on pense beaucoup) à ceux du label qui les héberge : Sébastien Tellier, Kavinsky… Le tout mixé avec une cinégénie à la Badalamenti et une grosse pointe de western façon Ennio Morricone (la voix de soprano de Caroline Villain tout en lyrisme et wouh ouh…), tout cela en regardant vers Berlin, Dortmund et la villa Médicis, objet de tous les fantasmes de Turzi.
Si ce disque possède un certain magnétisme rythmique et mélodique, il a aussi le désavantage de tourner très souvent en rond et de manquer parfois de corps et de chair. On ne pourra pas critiquer à l'ancien pensionnaire de l’Ircam la complexité de ses compositions, leurs côtés organiques et pointus, le travail sonore ("Colombe", "Cygne" ou "Condor"). Alors pourquoi le disque peine autant à décoller et à capter l’auditeur sur la durée ? Turzi est peut-être comme un albatros, ses ailes de géant l’empêchent de voler…
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