Alors que la grande salle s'emplit encore, l'impatience se fait déjà vibrante. Les fans, animés à l'idée d'être bientôt si proche de l'artiste, s'agitent : déjà cinq ans qu'il n'a pas fait vibrer les planches lensoises ! Ce soir là, le Colisée de Lens se gonfle de joie d'accueillir en son cœur rouge Dominique A.
Vingt années derrière lui, jalonnés d'albums, d'écriture, de compositions pour lui, les autres, comment présenter encore le grand A, devenu un incontournable de la scène française ? Si ce n'est par un parcours minutieusement façonné par ce sculpteur de notes et de mots, cet explorateur de nouveaux horizons, généreux et passionné. Le voici donc de retour avec son dixième album studio, Eleor, sorti en mars 2015.
La dernière fois que j'avais vu Dominique A en concert, quelques années en arrière, je n'avais pas accroché au grand dam de mes acolytes, fans A-bsolus. Tous les ingrédients étaient pourtant là : un amoureux de Bashung et de belles plumes, un rock tiraillé. Mais je restais, bloquée par sa voix tendue, qui me laissait trouble. Et puis, ce soir là, j'ai sauté le pas.
Une jolie petite chanson de Molly Drake, quasi nostalgique, "Happiness", révèle un Dominique A décidé, lorsqu'il monte sur scène. Il est suivi de ses trois musiciens : Boris Boublil aux claviers et guitare, Jeff Hallam à la basse et Sacha Toorop à la batterie. Un bref merci et sans plus attendre, le concert s'ouvre sur "Hôtel Congress". C'est une belle entrée en matière pour plonger le public dans le dessin de l'un de ses paysages. Il est, cet fois, ardent, une belle américaine au premier plan.
Je crois que c'est à partir de cet instant que plus qu'à ses doigts qui grattaient frénétiquement sa guitare, je m'accroche à ses lèvres. Toute mon attention est rivée à la poésie de ses mots. Peu à peu, j'imagine de grands espaces, des histoires, des portraits, entraînée par les compositions musicales tantôt lancinantes, tantôt émouvantes, tantôt rageuses. Et lorsque je reviens à moi, c'est pour mieux apprécier la qualité de jeu des musiciens, tissant leur mélodie au plus proche des mots.
Dominique A paraît moins gêné qu'auparavant et même plutôt débridé. Crissements de guitares et danses déchaînées. Il nous confie "avoir une de ces patates ce soir" qu'il doit calmer sinon "ça va devenir n'importe quoi !". Rires et échanges animés avec le public. L'artiste avec un grand A aura encore fait preuve d'une générosité touchante sur scène, avec plus de deux heures de concert et trois rappels. Parsemant son set de son nouvel album, il nous aura aussi fait voyager au travers de ses plus anciens parmi lesquels il aura choisi : "Manset", "La peau" ou encore "Le courage des oiseaux".
J'en suis revenue de mon avis crissant, emplissant mon imagination de ses nouvelles chansons et appréciant à sa juste valeur l'artiste. A. ne pas manquer...
En première partie, Bastien Lallemant. Je ne connaissais pas encore cet artiste. Il m'a pourtant vite étonnée par son jeu proche de celui de Bertrand Belin et, ses voix et arrangements à la Gainsbourg.
Dans une configuration minimaliste, il était accompagné par Maëva Le Berre au violoncelle tandis que lui-même jouait de la guitare. Plutôt osé mais pourtant très efficace. Bastien Lallemant a choisi de mettre en lumière ses deux derniers albums : Le Verger (2005) et La Maison Haute (2015).
Je me suis très vite envolée dans ses quelques morceaux où voix et cordes s'entrelaçaient. Dommage cependant qu'il se soit trop expliqué sur la tristesse de ses morceaux, enfonçant, j'imagine, les auditeurs dans leur fauteuil. Je retiens un fabuleux et envoûtant "Un million d'années". A découvrir. |