Si vous ne connaissez pas Romain Humeau et que vous êtes tombé par hasard sur cette chronique, bienheureux êtes-vous ! Auteur, compositeur, multi-instrumentaliste, producteur… Romain Humeau fait tout de A à Z. Les chansons qui sortent de son cerveau sont mixées dans son home-studio et distribuées par Seed Bombs Music, label indépendant du monsieur et de sa petite troupe. Vous l’aurez compris, on est ici dans une production qui se veut en relation directe avec son public, en réfléchissant aussi à une autre manière de produire la musique et en vivre pour les artistes.
Cette manière de voir les choses va de paire avec un souci plus global de renouvellement face à notre monde qui marche de plus en plus sur la tête. Cet album, comme ses précédents en est le témoin. Echos est relativement court (36 minutes) là où Humeau nous avait habitués à plus de matière mais c’est justement une volonté de l’artiste : faire plus court pour envoyer un message plus direct en quelque sorte.
De ses propres dires, Echos aurait pu s’intituler Mousquetaire #3 ou Mousquetaire B sides, tant il est dans la continuité de ce projet. Sont rassemblées dans cet album des chansons écrites sur une période assez large de plusieurs années, quasi toutes terminées bien avant le confinement. La situation ayant mis un frein à la tournée en cours d’Eiffel pour l’album Stupor Machine, l’album est sorti plus rapidement que prévu dans une configuration inédite : il n’y a pas de tournée programmée dans l’immédiat, à part peut-être quelques dates seul en scène avec sa guitare.
Les neufs morceaux qui composent l’album sont tous assez différents mais forment tout de même un ensemble assez harmonieux, ce qui n’a pas dû être chose aisée. Ecrits à des périodes différentes donc mais aussi traitant de sujets distincts et avec une variété de style assez caractéristique des albums solo de Romain Humeau.
L’album s’ouvre sur "Echos", titre éponyme, balade assez surprenante pour une ouverture d’album. Morceau qui a été écrit à l’origine pour quelqu’un d’autre mais dont Humeau s’est réapproprié le texte qui lui correspond de toute manière : y transparaît son inquiétude pour notre planète et son avenir. Dans un tout autre style, "P’tite faille dans l’espace continuum temps" prolonge cette inquiétude dans la description d’une ville monstrueuse, inspirée d’un voyage à New-York et non sans rappeler le Brazil de Terry Gilliam. A l’apogée de ce sentiment d’urgence et de décadence, "Sauve-toi, sauve-toi" résume tout, dans un flot d’inquiétude et de schizophrénie qui caractérise notre époque.
Face à ces trois morceaux plutôt "coup de poing", il fallait un peu contrebalancer mais ce n’est pas vraiment le genre de la maison : "Cherry Gin" nous parle de drogue, "Tryin’ to Be a Girl" raconte l’histoire d’un homme qui se sait femme depuis sa naissance et qui se heurte à notre société bien peu compréhensive et qui finit par se suicider. On est donc toujours bien loin de balades innocentes avec Romain Humeau !
Dans "Odyssée", l’artiste ne cesse de nous répéter "Il n’y a pas de deal", pas de concession possible donc et c’est tant mieux pour nous ! Romain Humeau ne va pas s’arrêter là et a déjà de nombreux projets sur le feu, plein de chansons dans les tiroirs et une hargne pour changer les choses toujours renouvelées.
# 03 novembre 2024 :Pendant que l'on retient notre souffle
Une semaine qui verra, ou non, le monde basculer du côté obscure de la force, la force avec un petit "f". D'ici là cultivons-nous pour éviter de finir comme "eux". Et toujours Le replay de la MAG#91 disponible en attendant la #92 le 8/11...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.