Pièce écrite par Oscar de Summa, traduite par Federica Martucci, mise en scène par Georges Lini, avec Félix Vannoorenberghe et la musicienne Florence Sauveur.

Depuis qu'elle s'est emparée du pistolet familial caché dans le buffet depuis des décennies, tout le village italien, qu'elle est train de traverser d'un pas déterminé, est en ébullition.

Deux barres traversant au second plan la scène en largeur. A droite, la musicienne et ses instruments. Il entre, se saisit de la robe dont le cintre est posé sur une des barres et démarre ce qui s'avérera un inoubliable moment théâtral.

Pour faire entendre les mots d'Oscar de Summa dans "La Soeur de Jésus-Christ", comme il l'avait fait pour le texte d' Iphigénie à Splott, Georges Lini (hélas disparu à quelques jours du festival Off et à qui la représentation est dédiée) a conçu une nouvelle fois une mise en scène aussi sobre que parfaite où chaque détail magnifie le tout.

Le comédien d'abord. Dirigé au cordeau par Georges Lini, Félix Vannoorenberghe effectue une prestation en tous points parfaite pour incarner, dans ce qui ressemble à un western moderne, tour à tour tous les habitants du village.

Avec une intelligence de jeu rare, une précision et une finesse remarquables, maîtrisant la diction, le rythme et se fondant dans la peau de chaque protagoniste dont le vêtement sorti d'une caisse viendra s'aligner sur son cintre aux côtés des autres sur l'une des barres derrière lui), le jeune comédien belge est impressionnant.

Sans aucun surjeu ni caricature mais avec une simplicité (parfois une seule inflexion de voix) et une acuité peu communes, il déroule le fil de ce récit. Et c'est magistral.

A sa droite, la musicienne, Florence Sauveur (admirable), passe d'un instrument à l'autre (violoncelle, accordéon et piano) pour soutenir, porter et donner à voir des myriades de couleurs et de sensations, conférant à ce texte flamboyant une puissance qui va crescendo.

Et l'on suit, captivé par la grâce de ces deux interprètes rares et de la perfection de la mise en scène, l'histoire de Maria qui, comme Iphigénie, se lève et se bat. Ici contre les violences patriarcales.

Une performance totalement éblouissante. Un grand choc théâtral.

Coup de cœur absolu !