Réalisé par Sono Sion. Japon Drame. 1h52. (Sortie 9 mai 2012). Avec Megumi Kagurazaka, Miki Mizumo et Makoto Togashi.
Si l'on veut résumer "Guilty of romance" par une formule, on peut écrire que "c'est Belle de Jour au pays du soleil levant".
Une jeune mariée nipponne est soumise à son mari, un écrivain brillant qui a réglé leur vie commune selon un étrange cérémonial. Gare à elle, si elle ne fait pas attention à l'ordre des choses et à la place des chaussons sur le paillasson.
On se doute vite que ce bel agencement bourgeois, excessivement et anormalement ritualisé, cache une part maudite. "Guilty of romance" est un récit cruel, une sorte de "Jardin des supplices" d'Octave Mirbeau plongé dans l'univers du "Giallo".
Les amateurs de ce cinéma italien qui mêlait luxure et cruauté, faisant courir la froide lame d'un couteau brillant sur les chairs palpitantes de jeunes vierges dans une atmosphère de cuir et de fouet, trouveront ici les recettes correspondantes, épicées à la sauce japonaise.
La jeune épouse s'enfoncera dans les bas-fonds les plus sordides, entraînée dans les pires dépravations par une universitaire aussi sublime que perverse. Eros voisinera bien entendu avec son compère Thanatos, la maison des perversités avec la poésie la plus subtile.
Chant d'amour désespéré dans l'ambiance kitsch des "love hotels" tokyoïtes, "Guilty of romance" de Sono Sion touchera profondément ceux qui admettent que l'amour et la mort ne sont pas des contraires et peuvent jouer ensemble une partition dangereuse. Evidemment, comme toujours dans ce genre de cinéma de genre, il faut accepter les présupposés et les clichés, ne pas les évacuer d'emblée et les réfuter en ricanant.
Dans "Guilty of romance" de Sono Sion, on n'est pas loin de l'opéra et de ses canevas impossibles voire ridicules.
En n'acceptant pas les minces arguments de Tosca ou de Madame Butterfly, on passe à côté d'un art à la fois raffiné et trivial trouvant son apothéose dans le chant d'amour et de mort des grandes divas. Ici, c'est pareil : l'univers de Sono Sion paraîtra factice à certains alors que d'autres y verront l'expression la plus déchirante et la plus noire illustrant l'impasse de l'amour physique.
Connu principalement par "Suicide Club", film qui reste tenace dans la mémoire de ceux qui l'ont vu, Sono Sion est l'auteur d'une bonne vingtaine de films. On aimerait qu'ils soient à leur tour visibles car "Guilty of romanc" révèle indéniablement une écriture.
Maître ou petit maître, peu importe : ce cinéma sulfureux et sexuel, ennemi du tiède et du mitigé, est à découvrir, à aimer ou à détester comme un bouquet de fleurs du mal d'aujourd'hui. Mention fantasmatique spéciale aux deux très belles Megumi Kagurazaba et Makoto Togashi qui donneraient envie de tâter des amours de perdition si on avait la garantie qu'elles en fussent l'enjeu...
/td id="fincorps">
|