Avec l'exposition "Napoléon et Paris - Rêves d'une capitale", le Musée Carnavalet propose de dépasser l'idée commune et l'approche purement historicienne d'un Empire cantonné à une suite de batailles scandant son expansion hégémoniste en Europe continentale.
En effet, le règne de Napoléon connait une effervescence artistique avec un âge d'or des arts décoratifs que retrace l'exposition concomitante "Napoléon 1er ou La Légende des arts" qui se tient au Palais de Compiègne et s'avère une période régie par une politique de grands travaux notamment à Paris pour y imprimer sa marque et en assurer le rayonnement international.
A cette fin, Thierry Sarmant, et Florian Meunier, conservateurs en chef, Charlotte Duvette, commissaire associée, et Philippe de Carbonnières, attaché de conservation et conseiller historique, qui assurent le commissariat de l'exposition, ont réuni un conséquent corpus de peintures, costumes, maquettes et documents iconographiques.
Paris, la capitale du Grand Empire
La muséographie, qui évoque au préalable les étapes parisiennes de l’épopée napoléonienne, bénéficie d'une imposante scénographie à la hauteur de la somptueuse magnificence voulue par l'empereur;
Conçue par Philippe Pumain, elle se présente sous forme d'une enfilade de salles en perspective avec deux points de fuite successifs.
En premier lieu, le buste colossal de l'empereur à la tête ceinte de la couronne de lauriers qui devait orner la porte d'entrée du Musée Napoléon.
Ensuite, le fauteuil du sacre en bois doré et velours conçu par l'ébéniste Jacob-Desmalter pour la nouvelle salle du trône du Château des Tuileries dans la salle en forme d'album de famille avec les portraits de la dynastie napoléonienne.
Dans des galeries latérales qui évoquent celles de la Rue de Rivoli et salles annexes, sont évoqués tous les projets et réalisations urbanistiques qui déclinent l'iconographie et les codes du style Empire tels qu'ils sont définis par les architectes et décorateurs Pierre-François Fontaine et Charles Percier.
Ainsi, se retrouve l'inspiration antiquisante des monuments grandioses destinés à l'édification d'une "nouvelle Rome" tels, et entre autres, la colonne Vendome, l'Arc de Triomphe et le Temple, le Palais Brongnard et le Temple de la Gloire devenu l'église de la Madeleine.
Quant à la vogue de l'égyptomanie et de l'orientalisme, elle présidait aux projets de la fontaine de l'éléphant pour la place de la Bastille, de l'obélisque sur le Pont-Neuf et de la pyramide au coeur du cimetière du Père-Lachaise.
L'Empire renoue avec les fastes de la cour qui siègera au Palais des Tuileries entièrement rénové et équipé et rattaché au Louvre.
Un deuxième axe de travaux concerne les équipements collectifs de la construction des canaux de l’Ourcq, de Saint-Martin et de Saint-Denis pour l'acheminement de l'eau à la création de lieux publics comme les halles et marchés.
Napoléon et l'Empire ont bien imprimé leur "marque" sur la capitale et l'exposition permet de constater que l'urbanisme napoléonien a posé les jalons haussmanniens avec le percement de la rue de Rivoli tout en portant les prémisses de la modernité avec la naissance de l’architecture métallique avec le pont des Arts et le premier pont d’Austerlitz.
L'exposition, qui se clôt sur l'évocation de la légende napoléonienne, inclut un dispositif multimédia avec des écrans tactiles qui permettent au visiteur de découvrir plus d'une cinquantaine de lieux parisiens conçus sous l'Empire à partir d'oeuvres des collections d’arts graphiques du musée.