Le rock français a encore ses petits agités. En témoigne Outrage, groupe manceau qui fête cette année ses 15 ans de rage et de riffs avec un nouvel album et une tournée anniversaire.
Le combo se définit d'abord comme un groupe de scène : en témoigne un palmarès impressionnant de plus de 250 concerts, au côtés SKA-P, Archive, Les Ogres de Barback, Uncommenmenfrommars, Marcel et son Orchestre, et bien d'autres. Ce qui n'empêche pas leur travail studio d'être soigné et de déménager comme il faut.
Leur nouvel opus, Ryzhom, est un labyrinthe d'influences et d'ambiances. Le premier titre, "14 ans", pose le décor en citant leurs ainés : Bérurier noir, les Shériffs, les Cadavres. A entendre la voix de Rictus et la guitare de Jib's, le lien avec Bérus saute aux oreilles - à noter toutefois que le jeu de batterie de Vivou est nettement plus subtil que Dédé, l'illustre boîte à rythme des Bérus.
La promenade sonore se poursuit avec du français, de l'espagnol, de l'italien (mais pas d'anglais). "M. Le contrôleur" sonne tellement Wampas qu'on se demande s'il s'agit officiellement d'un hommage, d'autant plus qu'il y est question de transports en commun. Le saxo de Gniak, les paroles qui tournent autour des thèmes de la résistance et de la marginalité ("Concerto pour un schizo", "Les enfants perdus") poursuivent cette tradition du punk français, en alternance avec d'autres nourritures musicales.
Certains titres par exemple trahissent plus clairement des racines métal. On appréciera à cet égard la réjouissante reprise de "Bella Ciao", mais aussi des plages instrumentales mélodiques et "Granada", titre en espagnol pulsé qui évoque irrésistiblement System of a down. On pense aussi, par moments, au metal symphonique de Children of Bodom.
Le tout semble une tentative de réconciliation plutôt réussie de leurs précédents albums et des différentes pistes de recherche qu'ils avaient pu explorer depuis 1996. Au final, le cocktail se révèle rafraîchissant et mérite certainement d'être servi bien frappé sur une scène. |