Jean-Louis Bergère. Voilà un nom qui passe devant mes yeux, dans mes oreilles, depuis quelques temps déjà. Il me semble familier, comme si je l’avais déjà rencontré. Le problème avec les choses qui semblent familières, c’est qu’on a tendance à ne plus y prêter attention. Et puis un jour, un peu par hasard, on tombe dessus et on s’étonne de les avoir délaissées si longtemps. C’est ce qui m’est arrivé en rencontrant "Rien ne nous sera jamais épargné", magnifique chanson de Demain de nuits de jours, le troisième album de Jean-Louis Bergère.

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Si vous ne connaissez pas la douceur, c’est ici. Dans la voix, profonde et chaude, et dans les instrumentations, presque dépouillées et pourtant si pleines. Chaque mot est à sa place, chaque note aussi. Si le diable se cache dans les détails, la beauté aussi, et c’est dans ces détails que se trouve le songwriter angevin. Plus artisan qu’artiste, il construit ses poésies chantées comme on fabrique de belles choses trop fragiles, de celles qui risquent de se briser à tout moment, de ces dentelles de pierre qui ornent les cathédrales. Comme elles, il semble être passé, peut-être un peu désuet, et il est pourtant là, si beau, si simplement là. L’élégance y est pour beaucoup.

"Parle-moi plutôt des siècles à venir
De la mort qui ment comme tu respires
De la neige fraîche tombée dans la nuit,
De celle qui t’aime, du beau temps, de la pluie."

On navigue entre pop et variété, mais l’énergie électrique du rock est bien là, et comme chez des Miossec ou des Dominique A, elle s’exprime en français sans complexe, avec force, réinventant une identité personnelle à cette musique qui a déjà fait le tour du monde de nombreuses fois. Jean-Louis Bergère ne semble pas s’émouvoir du poids qui pèse sur les épaules de l’auteur francophone lorsqu’il s’attaque à ses influences anglo-saxonnes sans abandonner sa langue maternelle. Tant mieux. Ce n’est pas en s’arrêtant aux possibles qu’on construit les belles histoires.

[] Stop

Jean-Louis Bergère écrit. Des chansons, bien sûr, mais des livres aussi. C’est un amoureux des mots, un passeur d’images mises en lettres, un de ces artistes dessinateurs d’univers minuscules dont la grandeur sait nous toucher tous, au plus profond, pour un peu qu’on ait envie de se laisser cueillir. Demain de nuits de jours, onze titres pour se dire que, décidément, la poésie se chante merveilleusement bien.