Comédie dramatique écrite et mise en scène par Pierre Notte, avec Bernard Alane, Romain Apelbaum, Juliette Coulon, Alexis Gilot et Marie-Christine Orry.
Sous titre "C'est Noël, tant pis !", Pierre Notte propose sa déclinaison des thèmes récurrents de la famille pathogène et de l'acmé cathartique annuelle du repas de Noêl.
Elle se caractérise, d'une part, par le syncrétisme résultant d'un panachage stylistique, de l'existentialisme névrotique ("La république du bonheur" de Martin Crimp) à la tragi-comédie jubilatoire ("Noël au balcon" de Gilles Dyrek) en passant par la comédie burlesque ("Noël revient tous les ans" de Marie Nimier) placé sous le signe du "rire jaune". Et, d'autre part, des singularités tenant à l'insertion démysienne de chansons et à l'égide saint-sulpicienne métaphorique - et parodique - avec famille crucifiée, "mater dolorosa" et "happy end" christique. Car, en définitive, rien de mieux que la famille n'a été inventé pour (sur)vivre en évitant les affres de la misanthropie et de la solitude. Le spectateur est immergé dans l'intimité d'une famille de petits français moyens - tendance "beauf" mâtinée de "affreux et méchants" - au cours d'un Noël chez mamie qui sera son dernier, celle-ci constituant le catalyseur d'une catharsis maesltromique. Dans cette famille, il y a le père désabusé (Bernard Alane), la mère aigrie (Marie-Christine Orry), deux fils sur le mode des frères ennemis à la "Cain et Abel", l’aîné sanguin imbu de lui-même et donneur de leçons (Romain Apelbaum) et le cadet dépressif et sensible (Alexis Gilot), et une pièce rapportée, la belle-fille acerbe (Juliette Coulon). Autour d'un affreux sapin "modulable" qui constitue l'essentiel de la scénographie glauque élaborée par Natacha Le Guen de Kerneizon, le quintet se déchaîne en laissant libre cours aux frustrations, ressentiments, mesquineries et névroses autocentrées. Et la machine s'emballe jusqu'à tourner en rond (un peu trop longtemps) avec des scènes qui se répètent à l'envi et des personnages semblables à des automates pirouettant à vide. La partition comme la mise en scène en montagnes russes implique que les officiants aient bien attachés leur ceinture pour négocier les changements instantanés d'altitude et de registres et tous réussissent, à ce titre, une belle performance. |