Comédie dramatique de Fausto Paravidino, mise en scène de Céline Lambert, avec Gwanaëlle Hérault, Isabelle Couloigner, Mehdi Harad, Melchior Carrelet, Romain Pirosa et Raphaël Beauville.
Céline Lambert propose un beau travail sur "Nature morte dans un fossé" du dramaturge, comédien, metteur en scène, scénariste et cinéaste Fausto Paradivino, révélation de la scène italienne au début des années 2000. Ainsi que résumé de manière lapidaire par le titre, il traite d'un fait divers sordide, celui du meurtre violent d'une jeune fille retrouvée sans un fossé un soir de fin de semaine, sur fond de malaise et de dérive de la jeunesse contemporaine dans l'univers interlope et violent de la nuit des périphéries urbaines. Inscrite dans le genre du polar théâtral, la partition retrace l'enquête menée par un inspecteur de police qui n'est ni un "dur à cuire" ni un "cowboy" mais un anti-héros désabusé et dépressif (Raphaël Beauville) par ailleurs sous tension extrême pour désamorcer le déferlement médiatique sur l'insécurité que va susciter cette "affaire". Elle se compose d'une suite de témoignages fragmentaires émanant des personnages archétypaux gravitant autour du prototype de la victime innocente - mère atterrée (Gwanaëlle Hérault), fils de bonne famille qui "jette sa gourme" (Romain Pirosa), petit dealer (Mehdi Harad), prostituée exploitée (Isabelle Couloigner), "beau gosse" insousciant (Melchior Carrelet) - qui, par leur caractère monologal, créent une forme kaléidoscopique proche du storyboard, En cohérence avec le parti-pris formel de l'auteur, Céline Lambert a opté pour une mise en scène cinétique en insérant la projection de vidéos glauques, réalisées conjointement avec Clémence Pogu, consistant en un prologue, le portrait de la jeune fille filmée dans l'intimité de sa chambre et des inserts en intermèdes qui situent l'univers tant social que mental de chacun des protagonistes. Le jeu cinéto-théâtral des comédiens est à l'avenant pour cette plongée dans l'abîme de la solitude et la nuit de l'horreur ordinaire que Céline Lambert a traité dans un surprenant dispositif usant du décalage entre le réalisme dramatique pour le jeu des comédiennes et le comique presque farcesque pour les personnages masculins. |