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puce Mais ne nous délivrez pas du mal
Joël Seria  mai 2018

Réalisé par Joël Seria. France. Drame/Horreur. 1h40 (Sortie 1970). Avec Jeanne Goupil, Catherine Wagener, Bernard Dhéran, Gérard Darrieu, Marc Dudicourt, Michel Robin, Veronique Silver et Henri Poirier.

Elles s'étranglent sous leur petit col blanc, elles étouffent dans les couloirs étroits du pensionnat, elles brûlent d'ennui quand elles rentrent chez elles. Chez elle, pour Anne (Jeanne Goupil), la brune, c'est un grand château un peu vide, avec des parents corsetés et silencieux.

Chez elle, pour Lore (Catherine Wagener), la blonde, c'est un intérieur bourgeois avec un père faussement moderne et une mère vieux-jeu. Mais les deux adolescentes partagent un secret : elles vénèrent Satan, et se proposent de consacrer leur vie à faire le mal.

Avec leurs petites bouilles d'ange bien élevé et leurs socquettes blanches et propres, on leur donnerait pourtant le bon dieu sans confession. Mais pour Anne, la confession, c'est surtout l'occasion de troubler le prêtre avec des propos impurs.

Passée au crible du regard des enfants, les rites catholiques sont des mascarades qu'on peut s'amuser à détourner, pour peu qu'on ait les bons accessoires. Une charge anticléricale assez réjouissante qui dérangea dans la France des années 1970, où "Mais ne nous délivrez pas du mal" fut interdit pendant de longs mois.

Le film était devenu une rareté, qu’on redécouvre en ouverture du cycle que la Cinémathèque française consacre à Joël Seria du 27 juin au 2 juillet 2018.

Le traitement que subit le corps des deux jeunes filles y est sans doute aussi pour quelque chose. Volontiers dénudées, elles affichent, se voulant provocantes, une sexualité qui n'est encore qu'un fantasme littéraire emprunté aux poèmes de Baudelaire. Culottes en coton blanc, chemises de nuits transparentes ou mouillées...

Joël Seria érotise ces corps qui ne sont pas encore ceux de femmes, et les soumets au regard et au toucher d'hommes bien plus âgés, rendus quasiment monstrueux par le désir qu'ils éprouvent pour elles dans des scènes qui s'étirent jusqu'à en devenir presque gênantes.

Le film oscille entre provocations amusantes et gestes de cruauté. Les adolescentes lancent leur jeunesse et leurs désirs encore indéfinis au visage du monde. Deux petites filles modèles en vacances, qui se seraient échappées des pages de la Bibliothèque rose pour faire un tour du côté de Maldoror.

Les filles s'attaquent aux plus fragiles, socialement et intellectuellement : au paysan solitaire, à l'idiot du village qui garde les lettres de sa maman serrées avec un pauvre ruban... La jeune Anne est une châtelaine sûre de sa puissance et de son immunité.

Leur cruauté est-elle réelle? Les rires des filles disent-ils la méchanceté ou l'inconscience? Le contraste entre l'été solaire et les noirs desseins des héroïnes pourraient rendre le film sinistre. Mais le soleil, les promenades à bicyclette, apportent de la légèreté aux actions des personnages.

On a l'impression que tout cela n'est finalement qu'un jeu auquel se livrent deux enfants qui se croient femmes, mais grandissent encore.

L'entêtante musique, portée par des voix féminines enfantines, accentuent cette impression de légèreté, même si elle porte également quelque chose d’inquiétant qui évoque la ritournelle de "Rosemary’s baby", signe que le démon n’est sans doute pas loin.

Et pourtant, il y a quelque chose de pourri dans ce monde, sans doute plus que dans le cœur de ces enfants qui détruisent sans culpabilité, mais reculent en découvrant ce que c'est que la mort, la vraie, qu'on provoque en serrant trop fort un oiseau dans son poing. L’atmosphère mortifère des jours qui s'étirent, le rigorisme moral qui réprime les désirs mais attise la curiosité, la souillure que porte secrètement chacun. 

 

Anne Sivan         
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