Les soirées se suivent et ne se ressemblent guère au Nouveau Casino. Ce soir c'est rock et riffs à tous les étages, avec deux têtes d'affiche du rock métal qui fait mal.
Déjà entrevu en première partie de Ghinzu à l'Olympia en juin dernier, Millionaire ouvre encore une fois les hostilités et prouve que le rock belge n'a rien à envier aux sbires d'outre-Manche.
Déjà les power chords saturés et la basse vrombissante remplissent la salle, soit dit en passant tout aussi remplie, ras la gueule. Millionaire vibre et propose un set nerveux et trash comme seuls les Queen of the Stone Age savent en distiller.
Si l'influence de Josh Homme (ndlr : producteur de Paradisiac, denier opus dans les bacs depuis quelques semaines) se fait entendre sur moult titres ("We dont't live there", "I'm on a high"), c'est pour le plus grand plaisir du public amateur de riffs stridents.
Oui, le son est énorme, l'ambiance malsaine, à la limite du rock foutraque sur certains titres ("Lust unwatched", "Alpha Male"), mais l'essence est là.
Millionaire gagne ce soir sa place à la sueur du poignet rappelant en l'espace d'une chanson, "Rise and fall", que Tim Vanhamel le chanteur a longtemps traîné avec Tom Barman, l'autre chanteur de dEUS. Un rock énergique donc, et un concert somme toute très honorable, en dépit d'un son trash parfois à la limite du supportablement audible. "Je ne vous connaissais pas, mais ce soir vous avez gagnez une fan" lancera une nouvelle groupie après le concert. Toujours ça de pris pour un groupe en devenir.
Le rock belge se porte bien, merci.
Grosse sensation fortement attendue, Oceansize défend ce soir son deuxième album, couronné ça et là par la presse rock pour son Everyone into position, oscillant entre métal et prog' rock.
Si la balance traîne en longueur (on y revient tout à l'heure…), les fans aux cheveux plus longs que la moyenne attendent sagement pour se défouler.
Envie d'en découdre ou intention de surprendre, le set s'avère rapidement être une tuerie sonore où le riff l'emporte sur la mélodie. Un point de vue comme un autre. Hélas, à trop flirter entre la débauche sonique ("A homage to a shame") et les guitares aériennes qui font de Everyone into position une réussite, Oceansize se noie un brin et boit la tasse.
Les problèmes techniques s'accumulent (un problème de retour sur le micro de Mike Vennart, le chanteur), et le groupe se retrouve obligé de broder quelques motifs pendant les réglages. De quoi casser l'ambiance festive annoncée.
Pas rancunier, Oceansize distribue sa rage comme autant de notes décochées à la seconde, revendique son malaise et son mal-être ("This song is about death" prévient Mike en préambule d'une chanson, tout un programme…) et révèle malgré tout son potentiel avec quelques titres du premier album. Voire, si mon oreille m'est fidèle, quelques inédits. Pas de quoi fouetter un rocker me direz-vous…
Et pourtant, à s'obstiner comme de bons britons, Oceansize touche enfin au sublime sur cette chanson évidente, "Heaven alive", tout en retenu nerveuse et en riffs contenus. L'évidence même d'un tube annoncé.
Et l'impression se confirme sur "Music for a nurse", petit bijou de rock aérien dans son écrin satiné, à mi-chemin entre le Floyd et Radiohead.
That's all folks. Mike Vennart possède une voix sublime et un groupe solide. La sauce prend, mais il reste des grumeaux. Il faudra donc touiller encore un peu pour obtenir un ensemble cohérent et pertinent sur scène.
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