On entre dans les chansons d’Antoine Loyer par effraction. Passage étroit, porte verrouillée de l’intérieur…
On entend les drôles de mélopées, des tablas, de l’harmonium, une voix douce et précise, fiévreuse. Les arpèges de guitares sont bizarres, tordus, les harmonies évoquent les eaux du Gange, sans doute à cause de l’orchestre indien qui semble s’être entassé dans la chambre d’Antoine.
Ca y est. Nous y sommes, dans la chambre. Antoine Loyer, pâle, blond, dans son vieux pull rouge droit sorti de l’Armée du Salut, ne regarde personne, recourbé sur son instrument. Est-ce qu’il improvise ? On ne sait pas. Il ferme les yeux et nous parle d’un langage d’un autre temps. Jeune homme Célinien, entre ivresse et dégoût.
On dirait qu’il revient tout juste de la Grande Guerre… Hypnose des chansons, on se laisse glisser dans le charme continental de ses orchestrations. Boucles de tablas, répétition du thème central, transe, les mélodies se confondent entre elles, nées d’une même veine.
Antoine Loyer, un jeune homme en colère, incapable de contenir le grand flot de son talent, incapable de l’organiser, le mettre en ordre. On suit une rivière. Si l’auditeur cherche un repère ou un format, il en sera pour ses frais, mais gagnera une longue bouffée de haschich, brumeuse, entêtante. Merci Antoine pour le trip…
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