Comédie dramatique adaptée et mise en scène par Jacques Allairfe d'après le roman éponyme de Alain Julien Rudefoucauld, avec Edward Decesari, Evelyne Hotier, Chloé Lavaud, Gaspard Liberelle, Paul Pascot et Valentin Rolland.
Le temps s’est arrêté. L’Histoire est écrite. Les barbares s’attaquent, jalousement et sans espoir de réussite, à un modèle parfait. Pourquoi donc écrire encore du théâtre ou du roman ?
Jaillis d’un texte lapidaire, "Le Dernier contingent" signé d’Alain Julien Rudefoucauld, six jeunes gens sont capturés, encagés et libérés par Jacques Allaire, metteur en scène du périlleux, observateur inquiet des dégâts de la bien-pensance, qui les fait vivre, sous nos yeux, jusqu’à la limite du supportable.
Il y a Sylvie, Malid, Marco, les autres, le dehors, les torches de la Sécurité, les chiens. Il y a des pères qui sautent du balcon à force de regarder le même mur, des mères qui se prostituent, des enfants qui ont pour seule lumière celle du réfrigérateur, seule éducation, la violence, seul espoir, l’aggravation soudaine et accélérée de la situation. Les murs sont tapissés, comme les vêtements, à même la peau. Il n’y a même pas de nudité possible.
Que faire de cette longue peine, la vie ? Se servir de drogues, d’instincts, de poisons au supermarché permissif des parents ? Ou aller vers la cave de la cave, au tout dernier sous-sol ?
Dans une scénographie sidérante, Jacques Allaire, aidé de Dominique Schmitt, règle et dérègle cet opéra moderne en hurlement majeur, sous les lumières acides de Christophe Mazet qui déshabillent les corps vêtus par Wanda Wellard.
Ce conte défait, des comédiens l’incarnent avec fureur : Edward Decesari, le géant-petit garçon, Paul Pascot, Gaspard Liberelle, Chloé Lavaud, Evelyne Hotier, Valentin Rolland, tous remarquables, avec David Lavaysse, auteur-compositeur-interprète, créateur de la partition musicale, auprès de Guillaume Allory.
Cette époque, qui s’aime tant et se croit éternelle, se déchire sur scène comme un tissu usé, d’un bruit terrible que ne peuvent couvrir les mots. Un choc, et une réalité jaillie du rêve, dont on ne devrait jamais assez se méfier. |