Réalisé par Liza Johnson. Etats Unis. Biopic. 1h26 (Sortie le 20 juillet 2016). Avec Michael Shannon, Kevin Spacey, Alex Pettyfer, Johnny Knoxville, Colin Hanks, Tate Donovan, Evan Peters et Sky Ferreira.

Le titre peu inspiré de série télévisée - "Elvis & Nixon" et le synopsis, méritent quelques précisions liminaires à destination de ceux pour qui les années 1970 appartiennent à l'ère préhistorique.

Linda Johnson signe un biopic événementiel qui raconte la rencontre, réellement intervenue en décembre 1970, entre deux des plus grandes personnlaités étasuniennes de l'époque : "The King", le chanteur Elvis Presley, idole interplanétaire pas encore bouffie, et "Tricky Dick", le 37ème président des Etats-Unis, Richard Nixon pas encore éclaboussé par le scandate du Watergate.

Hélas, dépourvu d'intérêt filmique, car balisé par le récit des deux amis-comparses d'Elvis qui, quatre décennies après sa mort, veillent encore au culte elvisien, l'opus noyé dans l'anecdotisme, pâtit d'une absence de direction d'acteur et réduit le coeur de cible, l'entrevue, à une portion congrue.

De surcroît, intervenant tardivement, ce qui induit l'effet de la montagne qui accouche d'une souris, elle se limite aux autocongratulations de deux protagonistes issus de la même classe prolétaire dont la réussite conforte l'adhésion au rêve américain, au goût partagé pour les confiseries M&M's et le soda du Dr Pepper et au dégoût face à la modernité en marche avec la contre culture.

Pis encore, tout est dans la bande-annonce qui en constitue un parfait (et suffisant) condensé. Alors pourquoi visionner l'intégral ?

Pour quelques scènes amusantes, telle celle d'un sosie du King qui, le croisant, ne le reconnaît pas et le prend pour un sosie raté. Sans doute aussi pour voir Elvis, placé sous la double tutelle de Priscilla, son épouse, et du colonel, son imprésario, prendre la poudre d'escampette comme un gamin, et la thématique, certes balisée, du blues de la star phagocytée par son personnage.

Elvis Aaron Presley a disparu mais derrière le crooner-rocker déjà vieillissant, l'homme, même s'il n'a pas inventé l'eau chaude, est lucide et sa candeur patriotique le pousse à vouloir mettre sa notoriété au service de la lutte contre la drogue qui emporte la jeunesse alors que lui-même y succombe.

Paradoxe qui est également le propre des Etats Unis doté d'un Bureau des narcotiques qui n'empêchera pas les "Cocaïne Cowboys" d'inonder le pays de la drogue en provenance de l'Amérique du Sud qui arrivait par avion (cf. "American Desesperado" le récit autobiographique du narco- trafiquant Jon Roberts).

L'intérêt du film réside dans l'instantané qu'il donne de l'Amérique et de ses mythologies, de son appétence pour l'entertainment et la culture de parc d'attractions et surtout pour les savoureuses compositions de Kevin Spacey et Michael Shannon, tous deux en roue libre.

Le premier se régale à camper un président complexé de ne pas être "un beau gosse" aux allures de maquignon madré et le second apporte son regard magnétique à un Elvis Presley déjà momifié dans son costume kitsch avec brushing, ceinturon doré et cape de super héros. Once upon a time in America...