Un violon se promène tranquillement, sans savoir d’où il vient, sans savoir où il va… Peu importe. Il a le style des scarabées, les savates tournées vers l’horizon et le ciboulot enivré de natures. Pas besoin de fioritures quand on a l’élégance de Julien Dexant.

Ce premier album, et bien c’est bon et c’est doux, jamais vous ne trouverez d’accordéon plus sexy que celui d’Eric Proud, de violon plus chaloupé que celui d’Emmanuelle Bouriaud, de guitare plus sensuelle que celle de Julien Dexant, ni de clarinette basse plus charnelle que celle de Fabrice Barré. Whispered songs est tendre à assouvir les besoins lascifs d’un dessert au soleil.

Julien Dexant a composé le voyage, sur lequel il pose sa voix d’un groove surnaturel, passant du murmure au chuchotement en un souffle. Son chant est parfois parlé, slamé, limite scandé, faisant ouvrir les yeux et se pincer les sinus pour être certain d’être bien éveillé, comme si le titre précédent n’était qu’un rêve. Un décrochage du réel pour un instant loin de tout.

Intime et sensible, l’album porte loin ses douze titres de musique de chambre à fantasmes. L’ambiance est feutrée sans être guindée, le ton est délicat, l’approche est veloutée. C’est fou ce que les silences peuvent signifier parfois.

Si Julien Dexant signe les plages, n’oublions pas Alexis Ragougneau qui signe la plupart des textes, sur les petites choses de la vie, les arbres en fleur, l’encre de ses yeux, la solitude, les armes 9mm et l’amour évidemment.

A s’allonger dans la forêt et regarder les cimes découper des fantasmes sur le ciel, à fermer les yeux pour mieux entendre son souffle, Whispered songs est bien plus qu’un album de chants chuchotés, il est une bien belle histoire, du début à la fin. Suspendu à ses lèvres.