King Creosote, projet musical plus que véritable groupe, dévoile ici son deuxième album, Flick the V's qui est une superbe invitation à une belle et étrange traversée mélancolique, et ce en mêlant plusieurs directions musicales.
Sur les 7 minutes de "No one had it better" nous croyons revenir à l'âge d'or de la cold wave. Il faut dire qu'avec sa boîte à rythme sombre et répétitive, sa basse névrotique et le son plaintif du synthé derrière, ce premier morceau rapelle étangement le "Love will tears us apart" de Joy division.
D'ailleurs, on reste scotché de la même manière que pour l'hymne du groupe de Ian curtis, en admettant que la voix du chanteur de King Creosote est plus aigüe et cristalline.
Changement de cap sonore sur "Two frocks at a wedding", qui atteint le même degré de mélancolie que sur le Moon Safari de Air, même ambiance distillée grâce ici aux synthés et d'autres instruments tels que l'accordéon.
Un peu plus loin, King Creosote laisse néanmoins de côté cette atmosphère de vague à l'âme pour poser des arrangements plus pop sur "Camels swapped for wives" avec rythme de batterie cool, encore accordéons légers, et petite guitare sèche.
Cette fraîcheur revient sur "No way she exists", morceau foutraque, pop enjouée où se mélangent saxo, guitare entraînante un peu folk et sorte de mandoline.
Mais décidément, le groupe ne s'installe pas dans ce confort doucement pop et frais, la prise de risque semble de mise, l'étrangeté revient au galop et "Ell am ox" , que l'on peut qualifier d'OVNI expérimental, dévoile alors notes cosmiques au electro, clavier inquiétant et étranges échos de cordes de guitares non coordonnées.
Le chanteur pose sa voix fragile sur cet ensemble expérimental très beau néanmoins.
Et que dire de la beauté ennivrante de "Nothing rings true" (peut être la petite merveille de l'album), où trônent des sons de guitares electriques déchirants, guitare acoustique charmeuse, superbes notes de piano, à tel point qu'on se dit que toute cette alchimie mélancolique pourait bien résonner aux oreilles expertes des regrettés Jeff Buckley et Elliot Smith.
Dernier titre, "Saw circular prowess" , avec sa texture lente, posée, puis plus rapide a la force d'une bombe à la "Karma police" (ici les guitares en moins).
Ce dernier pavé dans la mare clôt majestueusement l'album en coordonnant batterie, piano, orgue, cordes dans un arrangement très mélodieux.
Bref, bel exemple d'album, où l'artiste ne cherche pas à imposer un style mais où plusieurs style/influence sont utilisés au service de mélodies mélancoliques puissantes, prenantes,
marquantes.
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