Après un premier album captivant et rare, Floriography, tout en finesse et en subtilité mais passé injustement inaperçu en France, le musicien en provenance du grand froid revient avec un disque toujours aussi précieux et profond. "The words were spent, the melodies just an echo, every concert a routine. I needed a break. A long one.". Nous avions eu peur que de guerre lasse, Moddi n’abandonne la musique. Et puis après un isolement semble-t-il salvateur dans un coin reculé de la Norvège, le plus loin possible de la mer, l’envie est revenue. Pour notre plus grand plaisir au vu de ce disque qui parle au cœur comme à l'esprit.

D'abord comment allez-vous ? Comment se déroule la tournée ?

Moddi : Absolument bien ! C’est magnifique ! C'est incroyablement bon d'être de retour, de pouvoir regarder dans les yeux des gens alors que je chante. Toute cette attente en valait la peine !

Peux-tu nous parler de toi, de ta carrière, ta relation avec la musique ?

Moddi : J'ai 26 ans, j'habite en Norvège et... eh bien, je ne me sens pas vraiment comme un musicien. Plus un chanteur de chansons. Les chansons sont une excroissance de ma vie - normalement j'étudie les sciences sociales à Oslo. Je suis toujours attiré vers la route quand j'ai écrit assez de chansons pour partir en tournée.

Comment s’est déroulé l'enregistrement de ton nouvel album "Set The House of Fire" ? Tu as dit que tu te sentais vidé après ta dernière tournée, comment as-tu trouvé les ressources nécessaires ? Comment as-tu retrouvé l'inspiration ?

Moddi : Je ne l'ai pas retrouvé spécialement ! J’y ai renoncé complètement, et c'est probablement ce qui m’a sauvé ! Je me suis dit que la vie sur la route était terminée, que je voulais recommencer une nouvelle vie et reconstruire, repartir de zéro. Toute l'inspiration qui a suivi, dans le silence, a engendré plus de chansons que ce que je n’imaginais ou espérais. C'est toujours comme ça ! Je fais toujours le contraire de ce que je me dis au départ.

Penses-tu que pour se retrouver, l'homme a besoin de s’isoler, que ce soit un isolement physique ou spirituel ?

Moddi : Non ! Les humains sont faits pour être ensemble, se regarder dans les yeux les uns les autres. Je ne trouve pas de bonheur durable sans quelqu'un pour le partager. Le seul moment où j’ai besoin d’être vraiment seul, c'est pour me concentrer. Je pense qu’être un auteur-compositeur est un jeu d’équilibriste sans fin, toujours essayer de trouver l'équilibre entre les deux, d’être seul et d'être ensemble.

Il semble qu’avec ce disque, tu voulais t’éloigner de la mer, passer de quelque chose de très organique à quelque chose de plus cérébral... Ce disque est un retour à la "maison" ? Pourrais-tu expliquer pourquoi, parfois, les maisons doivent être mises en feu ?

Moddi : La maison est l’endroit où est ton cœur, et ton cœur est toujours quelque part dans ta poitrine. J'essaie de raconter des histoires. Une histoire au sujet d'être en mesure de faire une maison à partir de rien. L'important n'est pas le toit, le lit, les habitudes de la vie quotidienne, mais les gens, l'ambiance, le... cœur. Et c'est quelque chose que tu as toujours avec toi.

Te sens-tu plus proche de musiciens folk Scandinave ou Islandais que de musiciens plus continentaux ? Quelle est ta relation à la Norvège ? À la nature ?

Moddi : Je n'écoute pas vraiment beaucoup de musique. Je suis plus inspiré par des choses de tous les jours, par les livres que je lis et les conversations avec d'autres personnes. Bien sûr, vous pouvez toujours écrire une chanson sur une montagne, mais est-ce que c’est si intéressant que cela ? La chose qui est intéressante, ce sont les personnes vivant en dessous. Ou loin d'elle.

"Set The House On Fire" est tout autant le fait de se sentir bien à l'endroit où vous êtes en ce moment, que sur l’envie d'être toujours ailleurs. L’enracinement et le déracinement. J'espère qu’en écoutant ce nouvel album, les gens seront en mesure se construire leur propre maison un peu plus souvent.

Merci beaucoup !

Moddi : Takk !

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