Comédie dramatique de de Matéi Visniec, mise en scène de Denise Schröpfer, avec Eva Freitas, Rébecca Forster et Aurélien Vacher.
Il y avait Queneau, et nous avons aujourd’hui Matéi Visnjec. Le mot est une personne. Il dialogue, questionne, réfute, aime ou déteste.
Sur une partition divertissante intitulée "Moi, le mot", le metteur en scène Denise Schröpfer a conçu un spectacle vif, intelligent, bien maîtrisé, à base de saynètes pédagogiques, échevelées, chantées même.
On s’étonnera peut-être d’un parti-pris contre le masculin - le mot mâle est méchant, jamais neutre - qui alourdit le propos d’une idéologie connue : la "guerre des sexes", dénoncée, déjà, par Strindberg.
Mais la troupe, joliment composée d’un charmant hurluberlu qui manie bien le violoncelle, d’une Mary Poppins un peu "pète-sec" et d’une ravissante "demoiselle à robe blanche", allège le propos par sa fantaisie, son métier, sa jeunesse, touchante.
Aurélien Vacher, Rébecca Forster et Eva Freitas ont bien du talent. Certaines tranches de mot sont plus réussies que d’autres : les discours politiques de viragos déchaînées, musclées ou enceintes, le dîner-piège chez l’abominable Monsieur Utopie qui entend abaisser ses invités à faire la vaisselle et frotter l’argenterie, amusante satire des "lendemains qui chantent"...
On rit, beaucoup, on s’amuse, on vagabonde à côté de ces mots sauteurs. Denise Schröpfer a "réussi son coup" : Les mots se jouent allègrement de leur…Moi ! |