"I couldn’t explain what I meant about "fucked-up American music" six years ago and I’m not that interested in trying to explain it now. I just think it’s fitting to describe DPz with a phrase that’s been exploited by the worst of the worst and the corniest of the corniest, but has always had the potential to mean something rad : Uniquely American." Ezra Koenig (Vampire Weekend)
"I don't know why you abandoned me, You were my soul and my partner, What we imagined and what we became, We'll keep 'em separate and you keep your name, There is a place that we both know, It lives in our hearts, we built it together, Fear is a manacle but love is unchained, So we'll keep 'em separate and you keep your name…" Keep Your Name
Au petit jeu des meilleurs groupes du monde, les Dirty Projectors ont peu de chance de figurer en tête de liste. Ils feront toujours partie de ceux qui seront injustement, incompréhensiblement oubliés. Pourtant, tout au long de sa discographie, le groupe, qui n’en est et n’en a jamais vraiment été un puisqu’il ressemble plus au projet de Dave Longstreth, n’a eu de cesse de redessiner les contours d’une musique entre rock, pop et R’nB’.
Après le sublime (et l’on pèse nos mots) Swing Lo Magellan, ce disque éponyme est un disque sombre, mélancolique mais ouvert à de nombreuses esthétiques. C’est également un disque de rupture puisqu’Amber Coffman, sa presque muse, a décidé de quitter le navire. Un départ qui laisse forcément des traces à l’âme et à la musique. Ce disque pouvant être alors presque pensé comme un renouveau ("Fear is a manacle but love is unchained, So we'll keep 'em separate and you keep your name" dans "Keep Your Name" auquel répond "Hold up, I was reborn…" dans "Death Spiral", second titre de l’album).
Rassurez-vous, Dirty Projectors ne perd en rien en intensité, en ambition, en profondeur ou en fulgurances rythmiques et mélodiques. Le disque brasse un siècle de musique : du blues premier à la pop (moins qu’avant) en passant par le hip-hop, le funk électronique ou la soul (Longstreth s’est libéré sûrement grâce à ses collaborations avec Rihanna, Solange ou Kanye West et l’on pouvait déjà trouver les germes dans la production par Longstreth de "Stillness is The Move", titre de Franck Ocean avant qu’il ne rejoigne Odd Future), à des choses plus expérimentales.
Une effervescence des sens permise par le talent d’écriture du chanteur qui mélange mélodies mélismatiques et contrapuntiques (le travail et le traitement de la voix pensée presque comme un véritable instrument en est assez révélateur) construites par strates et pensées harmoniques élaborées, comme une superposition entremêlée unifiée rappelant la musique d’Afrique noire et donc Américano Africaine. Par un sens pointu également du groove et de l’agogie, des arrangements fins, une production taille XXL et quelques invités (Solange, Mauro Refosco, Dawn Richard ou Tyondai Braxton (ex Battles).
Un disque qui brasse les genres, qui ne plaira sûrement pas à tout le monde (les effets sur la voix, le traitement du son peut aisément désarçonner) mais qui s’inscrit pleinement dans la pop moderne. Bluffant !
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