Sphère, Le Lac & Vagues
(Klarthe Records) octobre 2019
"J’ai toujours apprécié avec quelle aisance Patrick Burgan parvient à modeler son style en l’adaptant au genre d’ouvrages qu’il décide d’entreprendre".
"La version intégrale m’a séduit par la flambée de lumière, la vivacité du langage instrumental" (2004, à propos de Sphères pour grand orchestre) Henri Dutilleux.
"Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés." Alphonse de Lamartine Le lac.
Se concentrer exclusivement sur les très belles œuvres vocales de Patrick Burgan serait occulter tout un pan instrumental, conséquent et indéniablement intéressant de sa musique.
Patrick Burgan est né le 17 mars 1960 à Grenoble, agrégé de musicologie, premiers prix de composition et d'orchestration du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, élève de Gérard Grisey, Ivo Malec, Franco Donatoni, Tristan Murail et Philippe Manoury. Le prix de la Fondation "Simone et Cino Del Duca" lui est attribué en 1996 par l'Académie des Beaux-Arts, puis le prix Claude Arrieu en 2000 par la Sacem. Il obtient ensuite le Grand Prix Sacem de la musique symphonique qui vient en 2008 couronner l'ensemble d'une œuvre jouée dans le monde entier.
Son large catalogue propose des œuvres aussi belles que Les Spirituelles (2015) et le Cantique des cantiques (2014) pour 4 voix de femmes, La puerta de la Luz pour 12 voix solistes, la fantaisie lyrique Peter Pan ou la véritable histoire de Wendy Moira Angela Darling (2006), La chute de Lucifer poème symphonique pour trombone et orchestre (2009), L’archipel des saisons (2014) pour violoncelle et chœur mixte ou le concertino pour piano et orchestre à cordes (1997).
Des pièces auxquelles nous pouvons rajouter Sphères (2003), Le lac (2001) et Vagues (1990) regroupées dans ce disque.
Les sphères, non sans rappeler Holst, sont de courtes pièces. Une durée dictée par l’émission de France musique Alla breve commanditaire de l’œuvre. Une concision qui n’empêche pas un expressionisme aux mille couleurs et un travail sur les timbres et la matière sonore.
Patrick Burgan est dans la lignée d’Henri Dutilleux ou plus loin encore de Vincent d’Indy. Et cela s’entend dans Vagues, hommage à Wagner et rappelant Murail ou Grisey, entre tumulte, introspection et consistantes structures et textures.
La musique de Patrick Burgan peut également se caractériser par une construction presque mathématique, quelque chose de sensoriel, d’émotionnel, une force dramatique (dans l’utilisation des nuances) qui conduit tout naturellement à des "méditations poétiques". Une poésie que l’on retrouve dans Le Lac, méditation symphonique pour soprano et orchestre. Le compositeur met en musique, avec un certain onirisme le poème d’Alphonse de Lamartine.
La qualité d’interprétation par l’Orchestre National de France sous la direction de Pascal Rophé, Valérie Condoluci (soprano), l’Orchestre Colonne sous la direction de Laurent Petitgirard, l’Orchestre des Lauréats du Conservatoire sous la direction de Jean-Sébastien Béreau est à l’image de la qualité des compositions. Très beau !