"Not safe at home anymore, Gotta run babe, you know how to run"

C’est en écoutant et en succombant rapidement aux charmes de ce Life On Earth que nous nous rappelons à quel point nous avions aimé (et aimons toujours) ses disques précédents The Navigator sorti en 2017, Small Town Heroes en 2014, My Dearest Darkest Neighbor en 2013, Look Out Mama en 2012 et Hurray For the Riff Raff en 2011.

Hurray for the Riff Raff comme "Vive la canaille". Depuis l’âge de 17 ans, Alynda Segarra a remonté une partie de l’histoire de la musique américaine (le folk, le blues, l’Americana, le rock, la pop...) en faisant le chemin inverse, descendant du nord au sud, de New-York dont elle est originaire (Portoricaine ayant grandi dans le Bronx, fille d’un vétéran du Vietnam, il est représenté sur la pochette de Look Out Mama) jusqu’à la Nouvelle-Orleans où elle vit désormais. Voyageant notamment dans des trains de marchandises, clocharde céleste moderne, s’occupant de son âme, se nourrissant des traditions folkloriques américaines. Avec une constance : l’authenticité, sans oublier la sensibilité, une façon de jouer avec les émotions, et une conscience sociale, politique, écologique.

De prime abord son nouvel album est le plus "passe-partout", pas qu’il soit petit mais que nous sommes dans une sorte d’indie / pop / rock assez balisé. On ne peut qu’être rapidement frappé par sa profondeur (le disque est bien plus complexe qu’il ne laisse paraître), la solidité et l’efficacité de l’écriture, une présence. Plus hirsute que jamais, plus indépendante et audacieuse aussi nous pourrions ajouter.

Life On Earth traite des crises climatiques et migratoires, de la pandémie. Mais si elle attaque frontalement ses sujets il n’y a rien de moralisateur, ou alors la morale serait qu’il faut toujours aller vers la lumière. Un exemple : dans "Rhododendron" où elle fait un parallèle entre les plantes et la vie.

Alynda Segarra est à placer près d’Annie Clark (St. Vincent) et ce n’est pas le moindre des compliments.