Comédie satirique de Régis Vlachos, mise en scène de Marc Pistolesi, avc Marc Pistolesi, Régis Vlachos et Charlotte Zotto.

Si l'on a eu sa carte au RPR par conviction, et pas simplement pour obtenir un logement dans Paris intra muros, "Jacques et Chirac" n'est pas forcément le spectacle qu'il faut aller voir en priorité.

Ou alors, il faut avoir une belle dose d'humour associée à une sacrée résilience, car le portrait que Régis Vlachos trace du cinquième président de la cinquième république est au pur vitriol.

Comme il y a eu Gainsbourg et Gainsbarre, le Renaud et le Renard, il y a, selon lui, deux personnes en J.C. Jacques, bon élève, amoureux des arts et de l'Amérique, prêt à être un haut fonctionnaire au service de l'Etat et du public... et puis Chirac, gourmand, jouisseur, sensible au bruit des billets de cinq cents francs à l'effigie de Blaise Pascal...

C'est le portrait de ce "deux en un" surexcité et survitaminé qui est proposé aux spectateurs férus d'histoire et de coups tordus avec en vedette le fric et l'Afrique.

De quoi rire à chaque instant d'un rire jaune et qui défoulera tous ceux qui un jour ou un autre ont voté Chirac en croyant aux belles paroles de Jacques. Au fond, "Jacques et Chirac" fera office à tous ceux qui ont vu le grand homme monter et descendre en politique ou simplement sous forme de marionnette sympa aux Guignols de l'info, de "Je me souviens"...

Eh oui, on a tous eu une vie avec Chirac et on ne peut que se souvenir de Chirac à la conquête de Paris, candidat démago entendant des bruits et respirant des odeurs, homme à femmes, énarque corrézien, Monte-Cristo punissant les traîtres, généreux dans les coups bas et les coups d'éclat, amateur de pommes et de sumo.

Régis Vlachos n'est pas que l'auteur de ce texte caustique, bien informé, voire très bien documenté sur les faits d'arme français en Afrique notamment. Il joue le rôle titre et se dépense sans compter lui aussi. Ne cherchant pas la ressemblance physique avec son illustre modèle, il a, cependant, la même énergie de yoyo qui s'excite quand il est au sommet et déprime quand il est à fond de cale.

Dans l'ingénieuse mise en scène de Marc Pistolesi, tout s'enchaîne à grande vitesse et Jacques et Chirac paraissent être encore plus nombreux, passant du costume au jogging, avec des escales nombreuses en slip bleu blanc rouge sur un certain trône blanc émaillé...

Dans ce tir-aux-pigeons-électeurs, les deux partenaires de Régis Vlachos composent de savoureuses caricatures de l'entourage de notre héros : Charlotte Zotto sera tour à tour Claude et Marie-France G, Marc Pistolesi se déchaînera, entre autres, en Bernatte, Charles P et en Nicolas S.

On a connu Régis Vlachos plus sérieux, dans des spectacles mémorables ("Cabaret Louise", "Partisans"). S'il s'en donne à cœur joie dans "Jacques et Chirac", il n'en passe pas moins un message sur le mur d'images télévisuelles qui occupent l'arrière de la scène...

On voit défiler tous ceux qui sont venus avant ou après J.C. On les saisit dans des moments pseudo-historiques ou des discours d'attrape-votants. Et l'on n'est pas trop fier de cette collection présidentielle qui en dit peut-être long sur les Français. Et comme le suggère Vlachos, on n'a certainement pas encore tout vu.

Pour l'heure, "Jacques et Chirac" a choisi de faire rire plutôt que de s'attrister sur la vie politique depuis 1958. Il ne faut absolument pas s'en priver, qu'on ait des convictions ou qu'on n'en ait pas. Ceux qui voudront réfléchir auront de quoi, mais ceux qui ne veulent que se divertir, aussi. Une belle réussite promise à un franc succès... et Vive la France !