Tante Ursule,
J’espère que ton voyage se passe bien. L’Amérique du sud est-elle aussi belle que tu l’espérais ? Quelle chance tu as de pouvoir tant voyager… Plutôt que de rester jaloux de toi, je me suis dit que je pouvais faire quelque chose d’original : t’envoyer une carte postale de France, à toi qui voyage N’est-ce pas délicieux, cette petite inversion ?
Ici, le temps est gris. C’est de saison, ça lui passera. Tu me manques beaucoup, mais je me console en me disant que tu vas encore me ramener de ces incroyables photos dont toi seule a le secret. Et aussi, pour passer le temps pendant les jours chômés, moi l'hyperactif hyper-consommateur hyper-cultivé, j'écoute Sunday Sunday !! ; et je me dis que c'est beau, pop, nonchalant comme un dimanche, évidemment. Ça me change.
Je suis sûr que tu n'en reviens pas, en haut des pyramides mayas. Ton neveu, écouter de la pop ? Lui qui déteste tant tout cela, ces minauderies beatlessiennes toujours-déjà entendues... Oui, mais l'indolence a ses lois propres, et ce Death of Johnny H pourrait en être la bande originale.
Projet solo de Gilles Mallet, ancien guitariste et chanteur du groupe marseillais Polyéthylène, Sunday Sunday !! s'offre en (home) studio la collaboration de Roland Hamon et Julien Cardaillac (l'homme derrière le très recommandable projet Cabwaylingo, dont j'ai déjà eu l'occasion de te dire du bien). Ça bouillonne, donc, dans l'écurie Katatak, ça fourmille – un de ces petits labels sur lesquels il vaut le coup de garder une oreille attentive.
Le disque garde un format carte-postale à l'ancienne, quarante minutes bien sonnées, et propose de savoureuses atmosphères, chaque titre développant une personnalité marquée, malgré une orchestration assez simple où domine souvent la guitare acoustique. J'ai hâte de pouvoir te faire écouter la pop un peu empressée de "Bruce Wayne" ; la nonchalante mélancolie du très beau "Perhaps" ; la tristesse rêveuse de "New Gold Star" ; je sais qu'on reparlera de Sophia, de Polar, des Red House Painters, des ballades-rock des années 90, aussi, lorsque "At your funeral" s'électrise. Et tu me feras ta fameuse tarte aux pommes, que je noierai sous un épais manteau de crème. Tu te moqueras un peu de moi.
Bon voyage, je t'attends en bonne compagnie. |