Les Berthes ne sont pas un groupe de filles. Il n'y est pas question de Grands Pieds, comme souvenez-vous que la coutûme nous a laissés l'expression Berthe au grand pied. Assez énigmatique il faut le reconnaître. Peu importe ici. A moins qu'il faille y décéler une allusion à l'album Chanson pour les pieds de JJ Goldmann, on a connu de meilleur titre d'album.
Chroniques amères par exemple est un bon titre d'album, "Les Berthes" est-ce un bon nom de groupe ? Remarquons le pluriel, qu'ils conduisent le public sur le malentendu d'un groupe de filles. Les Parisiennes est un groupe de filles par exemple, les Blue Belles Girls aussi. Mais ça peut changer, qui sait ?
Chroniques amères, c'est un peu de ça, l'album des Berthes. Sauf que l'amertume est du genre sautillante, touchante et festive. Côté Négresses Vertes, Hurlements de Léo ou Frères Misères, plutôt que côté Têtes raides, ou Méséglise (si parfois j'écris n'importe quoi, c'est parce que je suis possédée par mon démon, et que c'est dimanche et qu'il faut bien qu'il s'exprime... Je ressors d'une nouvelle lecture de Maurice G Dantec, alors vous comprendrez que je ne suis plus moi-même. C'est ainsi, sans spécialement ingurgiter des psychotropes, Dantec me laisse sidérée, c'est que je suis presque capable aussi, sans être schizo de voir les chaînes d'ADN et m'accorder au grand Serpent Cosmique).
Chroniques Amères ne sont pas désespérées, pour notre plus grand soulagement. Parce que bon, ça suffit d'avoir l'invasion des Roms à nos portes de Bagnolet, de Montreuil, de Choisy, de consommer de la viande clonée et d'écouter les fadaises des représentants politiques qui appellent de leur voeu la déchéance de la nationalité. Pourquoi ce mot de Déchéance ? et pas Déchirure ? ou Décadence ? ou Décathlon ?
Donc grande satisfaction de ne pas reprendre une louche de désabusion, de nausée, de coup de pied dans le marronnier du square. Il y a mieux à faire de ses pieds : danser le sans-pas, la samba, le tango ou la ronde avec les Berthes et accueillir dans le cercle des shamans toute leur famille de personnages, les "Jean-Pierre", "Adonis", "Jean-Marcel", "Jeanne", les singes, les chiens, les vieux qui habitent les chansons... On se plairait à libérer tous ces gens, à les embrasser ou juste les saluer. A travers les chansons des Berthes on les connaît, on les aime, on les hait, on leur mettrait bien des beignes. Les Berthes et leurs chroniques amères nous invitent à un festival de vies, de scènes de rue, où c'est "come as you are". Alors les Berthes à classer dans l'héritage des chansons réalistes où les gosses prennent plus de claques qu'à leur tour, où les pavés aussi sont de ceux qu'on bat, à l'affût des légendes et des mystères.
Allez, les petits gars, j'ai bien aimé ces chroniques et je trouve qu'on touche à la poésie sur la chanson "Qu'est qu'on dîne ?", une poésie de banlieue, où Louis-Ferdinand rentre chez lui, pour soigner son chat. |