Ce n’est pas tous les jours que l’on retrouve la harpe au centre d’un ensemble de musique jazz. Mais il existe des musicien(nes) qui aiment abolir les frontières et faire sortir leur instrument de leur zone esthétique de prédilection. C’est le cas notamment de Julie Campiche.
Après avoir joué plusieurs années dans le bel ensemble Orioxy, la harpiste s’est lancée dans un nouveau projet, sous son propre nom, en quartet avec des musiciens suisses : Leo Fumagalli au saxophone, le bassiste Manu Hagmann et Clemens Kuratle à la batterie.
Si sa musique est peut-être un peu moins onirique qu’avec Orioxy, ce projet électro-acoustique continue de cultiver un certain mystère, lui permet d’aller vers des territoires plus atmosphériques, imagés où l’expressionisme n’est jamais très loin. L’ensemble prend son temps pour construire de longues pièces aux ambiances singulières, aériennes et pénétrantes, pour les laisser évoluer et grandir comme de véritables organismes, pour travailler chaque structure, chaque son. "Si ça va trop vite, j’ai l’impression de casser l’élastique, le fil conducteur !" comme l’exprime Julie Campiche. C’est aussi la raison pour laquelle le groupe a mis autant de temps pour enregistrer de disque, trouver le juste équilibre, laisser la place aux silences...
L’électronique est omniprésente et apporte une couleur différente à cet ensemble.
Ce disque est également un espace de questionnement. Les compositions de Julie Campiche vont chercher leur inspiration dans les grandes interrogations de notre époque comme la multiplication des informations ou l’écologie. Par exemple, le morceau "Onkalo" qui donne son nom au disque est une référence à un site d’enfouissement permanent de déchets radioactifs de haute activité finlandais.
Mais loin d’être une simple vue pessimiste de notre vie, ce disque en est comme une sorte de rayon de soleil et avec le dernier titre "Dastet Dard Nakoneh", presque un espace d’apaisement.