En s’illustrant du titre équivoque, Pain Is Beauty et d’une pochette aussi simple que la mine renfrognée de l’artiste, Chelsea Wolfe signait un album sans grande prétention, mais qui a su surprendre son monde en 2013.
En plus d’emprunter une vision proche au hard rock et aux univers gothiques, sous ses airs contrits et sa chevelure aile de corbeau, Chelsea dissimule, en réalité, une âme de rockeuse romantique.
Pain Is Beauty dispose d’un canevas sonore varié et s’applique à défaire les premières mauvaises impressions qui stigmatisent l’album come un tout résolument sombre. Que ce soit avec "Feral Love" et sa boîte à rythme, introduisant tant l’urgence que le danger, ou l’évasiv et distant "They’ll Clap When You’re Gone", "PIB" introduit par touche discrète un large panel d’émotions.
En effet, Chelsea Wolfe s’attarde longuement sur sa voix, sorte de réceptacle sacré, vierge de toute modification. Claire, parfois presque aérienne, l’artiste introduit grâce à celle-ci une légèreté qu’elle surpique, quand nécessaire, avec des renforts de claviers et de violoncelles comme sur "The Waves Have Comes".
Avec la douleur (plus mentale que physique) comme leitmotive, Wolfe s’attarde à pointer certains schémas amoureux (mais pas que !) que nous perpétuons dans un cercle vicieux. De fait, on retrouvera une profusion de boucles, utilisées à travers tout l’album, comme pour accentuer son message. "The Warden" tout autant que "We Hit A Wall" deviennent alors d’ingénieuses mises en abysse, tissant une trame aussi profonde que grandiose.
Un peu hantée, raisonnablement passionnée, Chelsea Wolfe réussit à émouvoir avec un son mature qui a su se dépouiller de toute surenchère versant dans le pathos, même quand elle aborde les catastrophes naturels tel que les Tsunami. Cela, au profit d’une instrumentalisation ayant fait le tri dans son bagage lourd de quatre albums, pour ne garder qu’un objet brut, pris entre une dimension contemplative et une autre plus expérimentale. Les sons métalliques devant alors composer avec les pianos quand les rares dynamiques folks, se retrouveront comme court-circuités par des percussions à la limite de la marche militaire.
Autant dire que Pain Is Beauty exécute un grand écart entre les styles et les atmosphères, ne se fiant nullement aux codes imposés par les esthètes de la musique et c’est tant mieux. |