Ecouter un disque de Bastien Lallemant (Les premiers instants en 2003, Les érotiques en 2005 ou Le Verger en 2010), c’est définitivement s’assurer un moment musical d’une classe folle, avec un grand, un très grand chanteur.
La Maison Haute ne déroge pas à la règle. C’est aussi se donner le temps d'aimer, de s’abandonner (il n’est pas l'instigateur des siestes acoustiques pour rien !). Et quel plaisir, quel bonheur de s’abandonner à ces vagues de mots, de paroles, de mélodies, de notes !
Ce disque, c’est la force intensément subtile de l’articulation des mots, des mélodies. De la chanson dans le ravin. Ce sont des musiques tortueuses, émouvantes, jamais simples, des arrangements ultra soignés (les cordes d’"Un million d’années" par exemple), des mélodies travaillées. Comme une rencontre rêvée entre Dominique A, Boris Vian, le grand Gainsbourg (et pas que période Melody Nelson…) et Bashung. Il y a pire comme référence !
On imagine Bastien Lallemant enchaîner cigarette sur cigarette dans l'hombre, en solitaire, presque sombre. Erreur, La Maison Haute, c’est une maison pleine d’amis : JP Nataf et Seb Martel, Maëva Le Berre, Jean Thevenin, Pascal Colomb, Pierre-Olivier Fernandez, mais également Albin de la Simone, Maissiat et Françoiz Breut, Katel, Diane Sorel, Les Innocents… et puis Charles Berberian pour croquer de la pointe de son crayon l’aventure de la création et en faire un journal d’un enregistrement (Vacances à Véga).
La Maison haute est également un disque très largement littéraire (pas étonnant puisque Bastient Lallement a écrit Une lentille dans le caillou, roman épistolaire sur l'écriture et la composition), poétique, qui donne envie de creuser, de fouiller dans son cœur, dans les profondeurs de son âme… Un disque d'une rare justesse, d'une rare beauté.