L’album a un titre de film français : un truc à rallonge qui promet un long film à moitié philosophique pour ne pas dire grand-chose de plus que ce qu’en a déjà dit le titre. Genre : De battre mon cœur s’est arrêté raconte un chagrin d’amour, trop facile. Dernièrement Et tout d’un coup, tout le monde me manque : l’arrivée dans l’âge adulte. Mouais.
Alex Beaupain est bien placé, puisqu’il a écrit un album Garçon d’honneur qui a carrément inspiré un film Les Chansons d’amour. Je n’ai pas vu le film, mais j’ai tendu l’oreille à la bande originale, signée Alex Beaupain. C’était des chansons d’amour. Et il remet ça pour Pourquoi battait mon cœur, en assumant "j’ai compris qui j’étais comme auteur compositeur grâce aux Chansons d’amour", je suis bien d’accord. Sauf que ses mots se passent d’image, il est dommage de mettre des visages d’acteurs connus sur ses chansons, alors que nos histoires s’y prêtent tellement bien.
Ce troisième album s’est affranchi du cinéma, enfin presque, puisque le titre "Avant la haine" a été interprété par Romain Duris et Joana Preiss à la fin de Dans Paris. Dans cet album, c’est Camélia Jordana qui vient poser son timbre puissant au titre.
Pour le reste, ce ne sont que des chansons d’amour, des déclarations sans niaiserie, de ce fol attachement qu’on peut ressentir pour un être aimé, à se foutre "De tout sauf de toi", cette personne plus attachante que les autres, plus étonnante, qui donne envie de faire des folies et de se perdre. L’amour, c’est aussi la déception, la fuite, l’étiolement des sentiments, la tromperie, et Alex Beaupain en connait un rayon, il chante tout ça avec une simplicité déconcertante, et avec beaucoup de justesse, sans en faire des tonnes.
Mais l’amour, ce n’est pas que des histoires de couple, c’est aussi des convictions, et même s’il prétend refuser de faire de la "chanson engagée", "Au départ" en est une à mes yeux. Même si elle est construite comme une idylle, elle concerne le socialisme au pouvoir, depuis l’espoir de la gauche Miterrand, jusqu’à la mauvaise cohabitation avec la droite…
Un soupçon d’airs électroniques donne une touche électrique aux mélodies de l’album, et c’est le moment que je choisis pour dire que je n’aime pas, malgré le talent, malgré la douceur, malgré le joli timbre, malgré la poésie ambiante… Question de personnalité, je ne conçois pas l’amour sans passion, et ici, ça manque de folie. Non ? |