"No more violin". Ce pourrait être le titre nostalgique d'un album délicat ; le refrain spoken-word entêtant d'une pièce de musique électrique saturée ; l'épitaphe sur la tombe d'un musicien aimé, injustement méconnu ; la dédicace manuscrite de Fish sur le dernier exemplaire de Script for a jester's tear.
Plus de violon, c'est surtout le programme, un peu triste, du nouvel opus des italiens d'Action Dead Mouse. Refragmentation du quartet en trio, perte d'un membre, d'une sonorité atypique, mais si délicieuse. Rien que d'y songer, on a une seconde de deuil.
Et puis il faut tout de même l'écouter, ce disque. Et l'on oublie tout deuil. On danse, on vibre, on se perd dans cet math-rock énergique et hyper-entraînant. La fièvre d'une danse de saint Guy sur des temps impossibles.
En fait, rien n'a réellement changé : nappes de boucles de guitares sur un enchevêtrement de temps et contretemps impossible ; une certaine virtuosité discrète, des compositions sur-vitaminées, tout en perspectives multiples, trompe-l’oreille, faussement répétitives, véritablement hypnotiques ; quelques paroles, parcimonieuses, la plupart du temps criées, lointaines ; la fièvre, la fougue, le feu.
L'album, qui se veut plus ou moins conceptuel, s'écoute assez bien d'un traite, comme une pièce de musique unique en sept mouvements (huit en version digitale). La symphonie berlinoise d'Action Dead Mouse ? Probablement son meilleur album à ce jour, en tout cas. Encore un coup de maître pour Greed Recordings ! |