Light upon the Lake
(Secretly Canadian / PIAS) juin 2016
"Je ne savais pas que Kermit chantait dans un groupe" ironise sur YouTube, l'un des nombreux commentateurs de la vidéo "No woman", entêtant single de Whitney.
Si ce troll humoriste était honnête, il citerait aussi Neil Young ou Wayne Coyne, le leader azimuté des Flaming Lips pour décrire la voix de Julien Ehrlich, batteur / chanteur du groupe.
Enregistré et réalisé par Jonathan Rado, le frontman foufou des Foxygen dans sa maison de Los Angeles, Light upon the lake est l'un des plus brillants albums de cette année pourtant riche en très bonnes surprises.
Je jette à vos pieds quelques éléments en vrac : imaginez un jeune Neil Young porté sur les phrasés soul, les accords majeur 7 façon été indien, un guitariste constamment inventif évoquant à la fois Tom Verlaine et le diabolique Nels Cline (Wilco), des arrangements de cuivres dorés et inattendus.
Dès la première chanson, "No woman", le ton est donné. Rythmique acoustique faussement nonchalante, voix plaintive au phrasé fluide, guitare électrique chantante et claire, cuivres ancestraux, mélodie instantanément identifiable.
Dormant pendant l'enregistrement à six dans une tente pour cinq (oh mon Dieu !) dans le jardin de Jonathan Rado, ces oisons ont accouché d'un album lumineux, intemporel, et mélodiquement jouissif.
Ces jeunes garçons de Chicago participent cette année avec Light upon the lake au retour en force de la mélodie, des vraies compositions, qui priment sur l'attitude et le son comme seuls arguments.