Les fossoyeurs de pop.
Paris s'allume, Paris s'habille, printemps frileux qui enlève ses moufles givrés, le passant rééduque ses oreilles aux mélodies subtiles, trop engoncé qu'il a été pendant l'hiver, et comme à chaque saison redécouvre le doux parfum des sonorités Tricatel et de leur nouvelle signature : Major Deluxe.
Pop anglaise au double effet Divine Comedy, sans la bourgeoisie du pauvre, Skyline Society s'avère être un album aérien, le son des guitares ne touchant pas le sol durant ces 9 chansons taillées pour la route et le voyage en décapotable du coté du Dakota. Ou Monaco, c'est selon.
Si la patte du gourou Burgalat, maître d'œuvre de Tricatel, s'impose, c'est avant du côté des arrangements luxuriants, verts comme la faune d'Equateur, poussant partout comme autant de fleurs rares exotiques.
Musique de croisière interminable ("Meanwhile", "Golden" ) et de punk-pop ("She's a hero" et ses guitares sous contrôle), Skyline Society touche du bout des cordes un ciel bleu azur, avec le son de basse inimitable de B.B. et l'accent so british de Sébastien Carbonnelle au chant, Jesse Vernon de Morning Star à la production…
Autant dire une réussite pour ce groupe sorti de nulle part, c'est-à-dire de Belgique, l'occasion de prouver encore une fois que ce petit pays est un cosmos musical. Et "Jumpin' over the fence" d'embrayer la danse symphonique, une incitation à sortir de son corps, trompette qui manque pas d'air, goût 60' à la Burt Bacharach au fond du palais, comme si la pop n'était jamais morte, comme si l'espoir était encore de rigueur, comme si…La mélodie existait encore. Sans toucher au but, la consécration mondiale, Major Deluxe porte néanmoins bien son nom ; du luxe en mélodies majeures faites par un collectif de cow-boys solitaires.
Si l'ensemble s'écoute difficilement d'un bout à l'autre du ponton, les arrêts fréquents sur telle ou telle plage sont de réelles escapades à déguster en instrumental ("Winter Grey"), sans la démonstration technique pourtant de rigueur chez le groupe Belge.
Une bien belle surprise comme on dit, à déguster entre amis de bon goût, ou seul si vous êtes l'unique… |