Il y a chez Rachid Taha une sorte magie. Magie de transformer tout ce qu'il touche en or, mélangeant admirablement rock, musique traditionnelle arabe et travail d'orfèvre sur les textes.
Diwan (1998) sort en pleine fièvre raï, avec le mythique "Ya Rayah". Deuxième volet de ce diptyque, Diwan 2 rend hommage à la culture orientale avec des reprises de standards orientaux des années 50 à 70. Mais à la sauce Taha !
La présence de l'orchestre du Caire crée une atmosphère ambrée, qui rattache cet album à la tradition. Mais c'est bien la seule chose. La voix de Rachid Taha (et quelle voix) est mise en avant, se faisant amusante, libre, vocalisante... Les textes sont interprétés librement, tantôt parlés, tantôt chantés, réactualisant immédiatement les chansons.
Le titre "Ecoute moi Camarade", écrit par Mohamed Mazouni, est une petite merveille de chanson variété, avec ses solos de trompette rétro. De plus, il exploite les différentes facettes de la tradition orientale comme la musique oranaise ("Rani M'Hayer" et "Mataouel Dellil"), le chaâbi ("Kifache Rah" et "Maydoum") ou la musique égyptienne ("Gana El Hawa").
Le disque est accompagné d'un Dvd retraçant la venue de Taha en Algérie, où il n'avait pas joué depuis vingt ans. L'émotion est présente tout au long du petit film, que ce soit lors des balades à la rencontre des gens ou lors du concert.
Plus retenu, plus "traditionnel" que Diwan, Diwan 2 n'est pas seulement un exercice de style ou une musique de médina, mais une porte ouverte à un métissage. |