Depuis le temps qu'on les croise sur les petites scènes parisiennes ou en première partie de groupes internationaux au succès encore un peu confidentiel (Little Dragon, The Heavy...) dans des salles de taille moyenne, on est content de pouvoir enfin entendre le premier album du duo.
Ayélé Labitey joue du cuatro, un instrument vénézuélien à quatre cordes qui ressemble à une petite guitare, elle amène sa voix douce et harmonieuse. Laurent Griffon, qui a autant travaillé avec des groupes de rock que des artistes internationaux comme Amadou et Mariam ou la chanteuse de raï Cheikha Rimitti, oriente les mélodies vers des destinations exotiques mais sans jamais perdre de vue un côté urbain.
La grande force de Popular de Pepper Island est de sonner familier sans ressembler à aucun autre groupe. On se promène dans cet album comme dans un marché exotique, séduit par les sons, les couleurs, les odeurs, la lumière, curieux de ce qu'on va pouvoir y découvrir.
On y croise de la soul, du merengue, de la pop fifties, le tout se mélangeant dans un explosion de saveurs.
Le nom du groupe ne pourrait pas être mieux trouvé, qui évoque l'île des Caraïbes du même nom, le soleil, la mer, mais aussi les épices et les goûts de la cuisine exotique. Saveurs tonifiantes, qui attisent l'appétit, à haute dose peut même s'avérer excitant. On le cultive au Brésil, à Madagascar, ou en Asie. La musique de Pepper Island rappelle tout cela.
La chanson qui ouvre l'album est aussi le premier single extrait, "Wicked Boy". Avec son gentil clip à l'esprit Fame (le film d'Alan Parker, pas la chanson de Bowie), il devrait tranquillement s'installer sur les ondes et tourner sur les chaînes de clips. La mélodie accroche, on dodeline doucement du chef et on se met à chantonner en faisant la-la-la. Une chanson d'évasion, idéale pour conduire tranquillement une décapotable, les cheveux dans le vent, sur une route côtière déserte.
Pour le reste de l'album, le couple se révèle autant à l'aise dans les ambiances en technicolor de "Devil", la douceur de "Sympathy for lovers" ou dans les reprises de standards jazz, "Blue Moon", interprété jadis par Billie Holiday, mais aussi par Travolta dans Grease, ou de "Sometimes I'm happy (sometimes I'm blue)" popularisé par Nat King Cole.
Popular de Pepper Island est donc un disque sucré, mais sans que le sirop ne dégouline jamais, gentil sans être niais et joli sans fards vulgaires. |