Spectacle conçu par William Luce, en accord avec Don Gregory, mise en scène de Fred Wiseman, avec Nathalie Boutefeu.
Comme derrière les fenêtres de sa maison où elle se tient recluse, à observer le village du Massachussets dans lequel elle a grandie, Emily Dickinson nous apparaît, commentant la vie marginale qu’elle s’est choisit et l’impression qu’au dehors elle sait qu’elle donne.
Sur un plateau vide, où Emily Dickinson n’est entourée que de quelques ombres, la comédienne Nathalie Boutefeu fait vivre un mythe de la poésie et les différentes figures qui ont traversé sa vie. On retrouve l’écorchée vive, hypersensible qui fait de chaque observation, un sujet de réflexion et de chaque sentiment, un poème mais loin de l’image sombre qui se dégage de ses écrits, on découvre surtout une femme à l’humour décapant et à la lucidité exacerbée.
Ce portrait remarquable est dû au travail fabuleux de l’auteur William Luce qui parvient à faire parler la poétesse avec une justesse et une authenticité frappantes.
Le texte est mis en valeur par l’interprétation lumineuse de Nathalie Boutefeu qui, avec finesse et légèreté, grâce à un beau travail de mise en scène de Frédéric Wiseman, incarne Emily dans ses dernières comme dans ses premières années avec la même force et la même conviction. Toute de blanc vêtue, elle tournoie dans sa grande robe, dans le souvenir fort de ses rêves adolescents : être la reine de beauté d’Amherst, être invitée à danser au bal par les plus beaux garçons.
De ses premiers vers aux petites phrases énigmatiques qu’elle rédige pour accompagner par exemple un cadeau à une voisine du village, on découvre aussi une amoureuse des mots qui entretient avec eux une relation bouleversante et parvient à nous communiquer sa passion. De ses mains fines, en des gestes amples, c’est comme des fils qu’elle tisse, appelant la beauté et le verbe à travers les airs…
Un portrait passionnant qui donne au spectateur l’envie d’en savoir plus et de lire ou relire ses poèmes. |