Comédie dramatique de Anton Tchekhov, mise en scène de Hélène Zidi-Chéruy, avec Laura Melinand, Alexis Moncorgé, Jérémie Loiseau, Julien Jovelin, Hélène Zidi-Chéruy, Sophie Lavernhe et Gerard Levoyer.
"La Mouette" fait partie du quatuor "magique" des pièces de Tchekhov et, comme "Les Trois Soeurs", "Oncle Vania" ou "La Cerisaie", est souvent montée.
Dans la version que met en scène Hélène Zidi-Chéruy, l'accent est mis d'emblée sur la clarté d'une histoire où les enjeux entre les personnages sont multiples et complexes.
Dans la belle et savante lumière d’André Diot qui éclaire les corps et surtout les visages dans un décor fleuri, Nina, Constantin, Trigorine ressassent leurs rêves de gloire perdus ou en perdition. Pièce sur la création où écrivains et acteurs s’entremêlent, "La Mouette" est sans doute l’oeuvre dans laquelle Tchekhov parle le plus directement de son métier de dramaturge.
À l’inverse de bien des versions qui accentuent le "côté russe" de Tchekhov, Hélène Zidi-Chéruy a pris le parti d’alléger le contexte de "La Mouette". Les prénoms sont ici systématiquement prononcés au détriment des patronymes et les costumes ne sont pas ancrés dans une époque et une réalité précises.
Cette "Mouette" n’est pas très slave et l’on pourrait dire que le jeu des comédiens n’est pas dans le ton tchekhovien habituel, celui qui parfois peut mener à la grandiloquence. Tout ici est dans l’expression des comédiens qui montrent plus qu’ils ne démontrent.
Si l’on osait, on affirmerait qu’il y a "quelque chose de Tennessee Williams" dans ce petit monde tchekhovien revu par Hélène Zidi-Chéruy. Elle a vraiment réussi sa distribution et aucun des acteurs ne joue sa partition en solo, ce qui arrive parfois dans les pièces de Tchékhov. Au contraire, ils sont tous à l’unisson et c’est une belle brochette de comédiens qui est ici réunie.
On appréciera particulièrement Laura Mélinand et Alexis Moncorgé, qu’on accablera pas sous les comparatifs familiaux même si on y pense.
Cette mise en avant d’acteurs qui jouent plus la retenue que l’épanchement enlève peut-être de la force et du mystère à la tragédie de Tchekhov. En revanche, cela permet d’assurer une linéarité au récit qui, délivré de ses zones d’obscurité, devient limpide pour les spectateurs qui seront alors prêts à se laisser subjuguer par l’émotion finale. |