Texte Marguerite Duras, mise en scène Juliette de Charnacé, avec Lola Créton, Julien Honoré, Kamel Saadi, Florence Thomassin et Wu Zheng.
Le Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet a l’habitude de la désacralisation de l’auteur en n’utilisant jamais l’expression "pièce de" mais uniquement "texte de", plaçant dramaturge et régisseur sur le même plan.
Cette fois, rien n’est plus parfaitement adapté à ce spectacle, car il n’agit pas d’une pièce mais d’une adaptation très libre de "Un barrage contre le Pacifique", roman emblématique de Marguerite Duras. Indochine française, dans l’entre-deux guerres…
Une institutrice de Fruges, dans le Pas-de-Calais, devenue veuve, est partie, avec ses enfants, exploiter une terre battue par l’océan Pacifique. Malgré ses petits barrages, la femme sera vaincue par la mer et succombera, flouée, à l’amertume.
Son fils fuit cet enfer en chassant, la petite deviendra le grand écrivain que l’on sait, Marguerite Duras. Passe dans cet univers de frustration, un beau Chinois, le futur "Amant" du Goncourt…
Juliette de Charnacé, fascinée par le fond musical au point d’en couvrir tout le texte, à l’instar des applaudissements enregistrés, a conçu cette évocation lente et littéraire, non sans beauté, ni grâce.
Malheureusement la "récitante" - car il s’agit de cela plus que d’une incarnation de Duras jeune fille - n’est pas une comédienne de théâtre et cela gêne Lola Créton. Julien Honoré - le frère - se déplace, un peu perdu.
Florence Thomassin est une professionnelle, même si elle parait un peu éloignée de son rôle et peine à incarner cette paysanne butée, folle et fascinante. Enfin, l’amant chinois, c’est Wu Zheng, beau et guindé, apparition qui élève l’ensemble.
Il manque un peu de conviction à cette entreprise floue, aux voix mornes et à la posture un peu "bobo" mais il faut garder le respect d’un univers créé, d’un travail bien fait et de l’émotion qui surgira, tout de même, chez certains. |