Trois ans après le très réussi Aventine, Agnes Obel présente son nouvel album Citizen of Glass.
Les amateurs de la danoise, installée depuis 10 ans à Berlin, ne devraient pas être dépaysés : tous les ingrédients qui ont fait le succès de ces deux précédents disques (voix cristallines, atmosphères oniriques et délicatesse des compositions) se retrouvent dans cet opus. Pourtant, il faut bel et bien percevoir Citizen of Glass comme une toute nouvelle histoire. Celle de notre société où les "citoyens de verre" que nous sommes, ont perdu le goût de l'intime, où les réseaux sociaux et le culte de la "data" gouvernent notre quotidien. C'est ce constat qui a amené Agnes Obel à reprendre la plume et le chemin des studios.
Ce nouvel album se distingue par une alternance de titres très emblématiques et de morceaux instrumentaux - qui sont ici tout sauf des pauses. Bien au contraire, ils contribuent pour beaucoup à la réussite de ce disque. Car il ne faut pas percevoir Citizen of Glass comme une succession de titres individuels mais bien comme un conte moderne qui s'écoute dans sa globalité.
Néanmoins, Agnes Obel a toujours su soigner les entrées de chacun de ses albums. C'est ainsi que le titre "Stretch your eyes" ne déroge pas à la règle - tant dans la forme (puissante et gracile) que dans le fond : "The darkness and the ghost / They dance so sweet and slow" nous susurre-t-elle, dès la première phrase. Usage maîtrisé de la métaphore pour décrire l'être humain, fragilisé par cette danse macabre avec la technologie et le culte de l'image dans lequel il se trouve embarqué.
Mention spéciale au titre "Trojan Horses" qui est une véritable réussite avec sa ligne de piano hypnotique. Dans la lignée de "Riverside" ou de "Fuel to fire" sur ses précédents disques, il mérite à lui seul d'être écouté et même réécouté pour en percevoir toute la richesse. Aussi "Familiar" et ses variations de voix façon Antony Hegarty d'Antony and the Johnsons ou "Golden Green" aux délicates sonorités de cloches sont particulièrement remarquables.
Si le titre "Citizen of Glass" évoque bien la fragilité du verre, c'est avant tout un album puissant, solide, intemporel et dont le propos est terriblement ancré dans son époque.
Agnes Obel sera en concert à Lyon le 20 novembre, à Nantes le 21, à Paris le 22 et à Lille le 24.