Schumann, Liszt, Janácek & Brahms : piano Works
(BIS Records) février 2017
A tort ou à raison, nous sommes souvent sceptiques sur les pianistes Chinois, surtout quand ils sont jeunes, bardés de diplômes et de récompenses. Plus sceptique en réalité sur les émotions qu’ils arrivent à transmettre ou pas que sur leur technique, bien trop souvent mise en avant, à défaut du reste.
Jeune prodige de 27 ans, Haochen Zhang est formé au conservatoire de Shanghaï, à l’École des Arts de Shenzen puis au Curtis Institute de Philadelphie dans la classe de Gary Graffman (déjà professeur de Lang Lang). Sa médaille d’or au Trentième Concours International Van Cliburn en 2009 lui a permis de conquérir le public aux États-Unis, en Europe et en Asie, se faisant remarquer par sa virtuosité, une main droite d’une belle précision, mais surtout par un jeu délicat et expressif et une profonde sensibilité musicale.
C’est cette sensibilité qu’il met à l’honneur dans ce disque. Le pianiste distribue avec une certaine prodigalité toutes les nuances, l’éloquence et le raffinement souhaités par les compositeurs. Que cela soit dans la vision d’une enfance, ces souvenirs pour des personnes qui ont grandi des Kinderszenen de Schumann, dans les confidences de la souffrance de Brahms de ces trois Intermezzi, dans la mélancolique et sombre seconde Ballade en Si mineur de Liszt ou dans la tumultueuse (et politique) première sonate de Leoš Janácek. Son toucher, son jeu assez incroyable nous emporte totalement.
Même si parfois il déborde d’un romantisme exagéré chez Brahms avec un choix d’un tempo ritenuto assez difficilement justifié et justifiable, il faut l’écouter rendre toute sa dramaturgie à la sonate de Janácek en faisant le choix d’une interprétation plus crescendo et moins tempetueusement expressive. Ces versions ne sont peut-être pas des versions de référence mais une nouvelle fois la preuve que le choix de la poésie devrait toujours primer sur celui de la technique.