"Rien n’est définitivement écrit. En histoire, plus qu’ailleurs". C’est par cette maxime que se présente la couverture du nouveau livre écrit par Annie Jourdan, Nouvelle histoire de la Révolution, publié aux éditions Flammarion.
Annie Jourdan est une historienne spécialiste de la Révolution et de l’Empire. Elle a notamment écrit il y a une dizaine d’années un premier ouvrage, La Révolution, une exception française ?.
Pour Annie Jourdan, la Révolution a mauvaise réputation, notamment à cause de la violence de la Terreur qui a tendance à occulter la belle universalité des principes de la Révolution. A travers ce livre, l’auteur nous invite donc à reconsidérer ce moment fondateur de notre modernité. Pour ce faire, et pour rédiger son ouvrage, Annie Jourdan s’est appuyée sur de nombreuses archives (des actes, des lettres, des courriers mais aussi des mémoires) avec la volonté de repartir de zéro pour s’éloigner de l’historiographie du 19ème siècle, adoptant une approche non-conformiste. D’où le titre, une Nouvelle histoire de la Révolution, fruit d’un travail de plus de 10 ans pour l’auteur.
Le livre est construit autour de trois grandes parties : la guerre civile, la guerre extérieure et le roman national et la révolution. La première partie, la plus longue du livre nous invite à revivre les événements de la Révolution sous le prisme de la guerre civile. Cela permet alors d’expliquer la violence qui a pu se déployer au cours de cette révolution. Cette Révolution française s’apparenterait alors à une guerre civile. Dans ce contexte de guerre, la Terreur est alors remise en cause, notamment dans son appellation. Annie Jourdan n’hésite pas à dire que la Terreur porte mal son nom et que le nombre de morts qui lui est associée n’a pas l’ampleur qu’on veut bien lui donner.
Cette première partie est construite autour de chapitres courts évoquant les grandes peurs entre 1786 et 1792, le temps de la guerre ensuite, l’impossible unité des années 1793-1794, la période thermidorienne et le directoire. La deuxième partie concernant la guerre extérieure revient sur les nombreux silences de l’historiographie qui a eu tendance à oublier le rôle qu’ont pu jouer les patriotes étrangers dans la propagation en Europe des idéaux révolutionnaires. Annie Jourdan décide donc dans cette seconde partie d’aborder la politique extérieure de la France en Europe et la création des Républiques dites sœurs afin d’attribuer à l’une et aux autres leurs responsabilités dans le cours des évènements.
La dernière partie, intitulée roman national et révolution revient principalement sur les révolutions anglaises et américaines qui ont précédé la Révolution française en n’oubliant pas non plus les révolutions qui l’ont suivie. Annie Jourdan insiste sur la violence de la guerre d’indépendance au travers des milices révolutionnaires et des comités de sûreté qui ont fait régner une terreur dans les Etats du Sud. Elle nous montre que les historiens ont préféré privilégier le roman national et encensé les pères fondateurs au détriment des simples citoyens, qu’ils ont longtemps opposé une révolution libérale et pacifique à la sanglante révolution française.
Le livre se termine par une postface dans laquelle Annie Jourdan prend le soin d’apporter quelques précisions qu’elle juge utiles. Pour elle, toute révolution est une guerre civile et la signification des mots est importante pour leur utilisation. Parmi les mots qui posent problème se trouve le terme de terreur, encore et toujours. Enfin, elle explique que cette "terreur" n’est pas une exception française, qu’elle a touché de nombreux autres pays.
Nouvelle histoire de la Révolution est donc un livre qui m’a passionné car il éclaire de façon plus nuancée l’histoire même de la France depuis 1789. L’ouvrage porte très bien son titre tant l’auteur, grâce à une perspective comparatiste a voulu donner une dimension nouvelle à l’analyse de cette période historique.
Annie Jourdan nous offre donc une très grande fresque de la Révolution, entre vérité et légendes. |