Un nouveau tome de la collection Mondes anciens publié chez Belin vient tout juste de sortir et je vous laisse imaginer la joie qui m'envahit lors de sa réception. On ne le dit sûrement pas assez mais cette collection est de toute beauté, avec des écrits de grandes qualités et des photos superbes. Elle comprend déjà une douzaine de tomes aussi bien les uns que les autres, tous passionnants pour l’enseignant d’histoire que je suis.
Ici, c’est un ouvrage concernant la Grèce classique, couvrant la période 510-336 avant JC qui nous est proposé. S’affichant sur un papier glacé toujours de très belle facture, la collection continue donc de nous émerveiller, pour notre plus grand plaisir de lecture.
La période "classique" de l’histoire grecque – les Ve et IVe siècles avant notre ère – est celle de l’apogée d’Athènes. À l’époque de Périclès (492-429) et après lui, l’art connaît son plein épanouissement, alors que sont élaborés les textes fondateurs de l’histoire (Hérodote et Thucydide), de la philosophie (Platon et Aristote) et du théâtre européen (Sophocle et Aristophane), en relation étroite avec la démocratie, ce régime inventé par les Grecs, qui accorde toute leur place aux citoyens dans la gestion de la cité et aux artistes pour la magnifier.
Plus que jamais d’actualité, ce modèle politique fait débat, qu’il s’agisse du tirage au sort des élus, du droit de vote, du rôle des associations et des réseaux, du statut des étrangers, de la condition des femmes ou encore des manières de vivre ensemble. Il ne cesse d’alimenter nos questionnements, notamment sur la justice et l’égalité, et d’inspirer ceux qui entendent, en cette aube d’un nouveau millénaire, "réenchanter" l’idéal démocratique.
Ces deux siècles fondateurs ne se résument plus aujourd’hui au duo et au duel entre deux villes rivales : une Athènes libérale et "bourgeoise", face à la Sparte guerrière de Léonidas. Les découvertes archéologiques, le témoignage des inscriptions et les monnaies nous font découvrir l’histoire d’autres territoires longtemps restés dans l’ombre, comme ceux de la Grèce du Nord, de Marseille, du delta du Danube, de la Syrie, de la Sicile ou de la Crimée. Les relations plurielles entre les Grecs et les autres peuples du bassin méditerranéen se révèlent d’une richesse longtemps restée insoupçonnée.
L’histoire grecque de ces Ve et IVe siècles n’est pas seulement celle des guerres médiques qui opposèrent les cités du Péloponnèse aux "barbares" de l’Empire perse achéménide, ou des conflits entre Syracuse et Carthage. Elle est aussi celle des échanges et des transferts culturels. Ils furent intenses et particulièrement féconds, dans le domaine économique, institutionnel et religieux, comme dans celui des multiples formes d’une création artistique dont nous sommes les héritiers.
Cette collection proposée par les éditions Belin ne varie pas en qualité, s’appuyant toujours sur des ouvrages très soignés, une superbe qualité de papier, des photographies nombreuses et éclairantes sur le sujet que le professeur d’histoire-géographie que je suis pourra utiliser dans ses cours. Très complet, d’une grande érudition, s’ouvrant sur le monde d’Hérodote, il brasse de nombreux sujets comme les guerres médiques, la naissance du sentiment panhéllenique, les systèmes politiques à Athènes et Sparte, la pentécontaetie aussi, l’impérialisme athénien (excellent chapitre au passage), la guerre du Péloponnèse évidemment, les relations entre les cités et les colonies, les enjeux de la domination macédonienne, la société grecque.
On retrouve toujours en fin d’ouvrages les merveilleux ateliers de l’historien consacrés ici aux choses sacrées en Grèce, à Olympie et Delphes, à l’épigraphie (source essentielle de l’histoire classique), à la monnaie aussi.
Ce livre invite chaque lecteur à découvrir l’espace-temps de cette effervescente "Grèce classique" : une histoire plurielle, en grande partie renouvelée, enrichie par une splendide iconographie, souvent inédite, et une cartographie originale. C’est un ouvrage référence sur le sujet que je suis ravi d’avoir maintenant dans ma bibliothèque, que je vais être amené à ouvrir régulièrement je pense. |