Formés
en 1994 dans l’Oregon, les Dandy Warhols ont rapidement
émergé du microcosme de Portland grâce à des prestations
scéniques complètement délirantes suivies d’un excellent
premier album "Dandy Rules OK", réalisé dès
l’année suivante. Attiré par des morceaux incroyables ("Lou
Weed" , "Ride" ) ainsi qu’un mini-hit
"Dandy Warhols TV Theme", Capitol Records n’avait pas hésité
à poser un gros chèque sur la table pour les signer (argent qui
sera évidemment dilapidé en substances diverses dans la pure tradition
rock’n roll).
Agacée, la maison de disque refuse de sortir leur deuxième album
alors en chantier (le désormais mythique "black album") demandant
donc au groupe de revoir sa copie. De ces circonstances troubles naît
un chef d’œuvre ("Come Down" ), qui reste encore
aujourd’hui comme l’un des disques cruciaux de la fin des années
90 avec son alternance d’ambiances psychédéliques et de
singles perforants : ‘les Dandy Warhols reviennent de loin et partent
haut’, lisait-on à l’époque.
Trois ans plus tard, le groupe transforme l’essai avec "Thirteen
Tales From Urban Bohemia" , permettant l’accession à
une reconnaissance plus large qui n’a en rien modifié la philosophie
sex, drugs et rock’n roll de ses membres. Voilà pour l’historique…
La question est maintenant de savoir qu’attendre, en ces temps de retour
au rock, du quatrième opus du groupe, le dernier d’une époque.
Première piste, qui n’est certes pas pour réjouir ses fans
ancestraux : les collaborations évoquées (Nick Rhodes, Simon
Lebon, Nile Rodgers) laissent présager un son assez vieillot voire
une nouvelle donne dans les influences…
L’entame de ce nouvel album est irrésistible : "Welcome
To The Monkeyhouse" enchaînée avec le nouveau
simple, le très efficace "We Used To Be Friends" ,
du Dandy Warhols pur jus. Suit ensuite le meilleur titre de l’album "Plan
A", sur lequel, la voix de Courtney Taylor prend
des accents de celle de Roger Daltrey sur "Baba O’Riley".
Cependant, les choses se gâtent en plage 4 avec l’ignoble "The
Dope" , sans conteste le pire titre jamais enregistré par le
quatuor de Portland. Les deux suivants sont presque aussi mauvais "I
Am A Scientist" et "I Am Over It" , sortes d’electro
eighties bancals où les réserves émises sur les collaborations
se concrétisent malheureusement.
A cet instant précis, l’auditeur est consterné mais le
quatuor de Portland se ressaisit heureusement pour une face B d’un tout
autre niveau. Après une courte transition "The Dandy Warhols
Love Almost Everyone" , le groupe se fend d’un titre semblant
tout droit provenir des séances de "Come Down" , le très
réussi "Insincere Because". Le morceau suivant, "You
Were The Last High" , balancé, il y a quelque mois, en guise
de single promo et qui devrait être leur deuxième simple, brille
de mille feux.
David Bowie a, l’an passé, joué pour eux le rôle
d’un directeur artistique (cf. Meltdown Festival), c’est donc en
toute logique que le groupe se fend en plage 11 "I Am Sound"
d’un titre d’influence très …. bowiesante, en réalité
un clone de "Ashes To Ashes" .
L’album s’achève comme d’habitude par une sorte de
drone (de plus de 7 minutes cette fois) "You Come in Burned"
qui sans atteindre les niveaux de "The Creep Out" ou "Rave
Up" enterre sans conteste le passable "The Gospel"
sur "Thirteen Tales" .
Au final, les fans de longue date risquent d’être, dans un premier
temps, déroutés et rebutés par le son du disque, mais les
écoutes successives démontreront qu’il s’agit incontestablement
d’un disque tout à fait réussi des Dandy Warhols. Même
si les pistes musicales explorées ne s’avèrent pas toutes
concluantes (référence à peine voilée aux errements
du milieu), le groupe a au moins eu le mérite de continuer à expérimenter
au lieu de remettre le couvert sur un autre "Bohemian Like You" . |